« #DRCL Midnight Children T.01 » est un manga de Shin’ichi Sakamoto.
Synopsis :
À la fin du xixe siècle, un vaisseau russe embarque d’étranges caisses remplies d’une terre à l’odeur pestilentielle. La traversée des océans est un calvaire pour l’équipage : disparitions et morts suspectes s’enchaînent. Certains parlent d’un fantôme… Quand le bateau parvient enfin à destination en Angleterre, il a tout d’une épave flottante. Alors que la police portuaire se lance à la recherche de survivants, elle tombe sur une énorme créature mi-homme mi-loup, qui disparaît comme par magie…
Quelques instants plus tard, dans le cimetière de la ville, quatre élèves du prestigieux établissement Whitby assistent à une scène terrifiante : un de leurs camarades est capturé par une bête ténébreuse ! Seule Mina Murray, l’unique fille de l’établissement, a le courage de voler à son secours, mais il est déjà trop tard…
Avis :
Un vrai coup de cœur pour ce manga.
Depuis que j’ai lu « Innoncent » de l’auteur, je suis absolument amoureuse des mangas de Sakamoto !
Donc bien sûr, quand l’auteur se lance dans une réinterprétation de Dracula, je suis allée en courant.
Et le moins que je puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçu !
Ce qui fait la force de ce mangaka, c’est bel et bien son trait. Il n’y a rien à redire. C’est beau, c’est esthétique et son trait si caractéristique donne toute la puissance à son œuvre. Encore plus ici !
Comme j’ai pu le dire juste avant, c’est une réinterprétation de Dracula. Donc bien sûr, pas la peine d’aller chipoter parce que tel personnage machin, tel personnage bidule il n’a pas fait ça. Certes l’intrigue se déroule toujours dans un univers XIXe siècle, mais tout le propos, lui, est très moderne. Le trait si particulier de Sakamoto permet de jouer admirablement bien sur les genres des personnages. Car ici, le masculin et le féminin se confondent. L’auteur nous prend au jeu de nous perdre sur les genres des personnages, avec ces jeunes hommes très efféminés et ces femmes peut-être pas si femmes.
Sakamoto est aussi un maître de l’horreur merveilleux, ou horreur sublime. Et pour les apparitions de Dracula, surtout dans le Déméter, l’homme sait y faire ! Une vision que je ne connaissais pas et qui met très mal à l’aise.
Cette malaisance se retrouve aussi dans nos trois chevaliers servants — j’use du terme à dessein — car si Arthur, Quincey et Suwa n’ont peut-être pas grand-chose de chevaleresque et de romantique. Les trois amoureux de « Lucy » sont en fait très trash et malsains.
On ne va pas se mentir, c’est un vrai régal !
Pour revenir sur les personnages, l’auteur modernise l’œuvre. En effet, le Dr Seward, devient Jo Suwa, un Japonais (son côté chevalier est donc plutôt samouraï, vous l’aurez compris). J’ai dit que l’œuvre jouait avec les genres. « Lucy » devient « Luke » et entretient des relations ambiguës avec nos trois (pas) chevaliers servants, mais aussi avec Mina.
Parlons-en de Mina, avec ses airs de Fifi Brindaciers ! La jeune fille, qui pratique une forme de catch avant l’heure, cherche à briser les codes, aussi bien du genre que du social. Jeune fille pauvre, elle tente d’acquérir une éducation brillante dans le pensionnat de jeunes garçons où elle n’est qu’une domestique. La jeune fille est intelligente et déterminée. Et surtout castagneuse, refusant d’accepter d’être traité comme « inférieur » face à une jeunesse anglaise dorée (qui on s’en rend compte, est plus que douteuse !).
Je ne me risquerais pas à dire que l’auteur nous offre une revisite woke de l’œuvre de Bram Stoker, mais il y a clairement dans ce premier tome toutes les bases qui vont nous questionner sur certains faits de société actuels ! Le tout avec une plume grandiose qui donne toute sa force à l’œuvre.
J’ai hâte de lire la suite de ce premier tome qui est un véritable coup de cœur !