« Belles endormies » est un court essai de Vincent Jouve.
Présentation :
Dans l’histoire des représentations, la jeune femme endormie, étendue sur sa couche dans une pose sensuelle et lascive, est un motif demeuré constant de l’Antiquité à nos jours.
Si les supports se sont différenciés avec le temps (à la peinture et à la poésie sont venues s’ajouter la photographie et la vidéo), la séduction de la scène n’a rien perdu de son intensité.
Mais, alors qu’on a longtemps maintenu la dormeuse éloignée, dans un absolu qui à la fois l’isole et la sacralise, il s’agit aujourd’hui de se l’approprier. De la littérature aux sleepsex tubes, la belle endormie est devenue le miroir d’une société angoissée, méfiante et sur la défensive, répondant aux menaces qui l’assaillent par un fantasme de contrôle et d’emprise.
Avis :
Un petit livre intéressant.
J’adore cette collection (qui a pour seul défaut de faire des livres trop courts, mais c’est le principe).
Ici, l’auteur aborde le thème de la « belle aux bois dormant » et ses évolutions dans les mœurs du désir. Et autant dire que c’est très folichon. En fait, on passe d’un objet de désir que l’on observe (ce qui n’est pas vraiment très sain, mais j’aurai presque envie de dire qu’il n’y a pas de mal), à la possession de l’endormie (et là, on est de plain-pied dans le viol).
Il est intéressant de voir que la « relation » que l’on a (enfin, « on », surtout les hommes) est très liée à la société où l’on vie, et surtout comment la consommation effrénée entraine les endormies d’une place de « juste objet du désir » à « objet de consommation » qu’il faut prendre à tout prix (marchandisation du corps de la femme ? NONNN à peine !)
Comme je disais plus haut, ce fantasme est surtout un fantasme d’homme. Mais n’est pas abordée la relation des femmes homosexuelles à cette figure, ce qui aurait pu être très intéressant. Mais peut-être qu’il n’existe pas de donnée à ce sujet, puisque l’on se trouve dans une relation de domination des sexes…
Une lecture intéressante, mais comme toujours, un peu frustrée que ce soit aussi court.