« L’épée brisée » est un roman de Poul Anderson.
Synopsis :
« Imric n’eut qu’un bref aperçu d’une massive silhouette encapée, chevauchant une monture plongeant vers la terre, plus rapide que le vent, un gigantesque cheval à huit pattes monté par un homme à la longue barbe grise et au chapeau à larges bords. L’éclat de la lune accrocha la pointe de sa lance et son oeil unique… Il traversait les cieux à la tête de sa troupe de guerriers morts, et les chiens aux yeux de feu aboyaient comme le tonnerre. Sa corne hurla dans la tempête, les sabots de sa monture tambourinaient comme la grêle tombant sur un toit ; et la pluie se déchaîna sur le monde. »
Voici l’histoire d’une épée qu’on dit capable de trancher jusqu’aux racines mêmes d’Yggdrasil, l’Arbre du Monde. Une épée dont on dit qu’elle fut brisée par Thor en personne. Maléfique. Forgée dans le Jotunheim par le géant Bölverk, et appelée à l’être à nouveau. Une épée qui, une fois dégainée, ne peut regagner son fourreau sans avoir tué. Voici l’histoire d’une vengeance porteuse de guerre par-delà le territoire des hommes. Un récit d’amours incestueuses. De haine. De mort. Une histoire de destinées inscrites dans les runes sanglantes martelées par les dieux, chuchotées par les Nornes. Une histoire de passions. Une histoire de vie…
Avis :
Un roman que j’ai trouvé assez classique.
Avant de commencer, surtout, ne lisez pas la préface ! Déjà que la 4e de couverture en dit beaucoup trop, si vous lisez le texte de Moorcock en amont, le peu de choses qui pourrait vous surprendre s’envolera. De plus, cette préface a été un contraire à la lecture puis que l’auteur d’Elrick oppose ce roman au Seigneur des Anneaux de Tolkien. Mais cette opposition m’a posé problème, car j’ai passé beaucoup de temps à relever ce qui différenciait les deux récits (tout en sachant que je n’ai pas lu les romans de Tolkien, ironie quand tu nous tiens) alors que c’est une sorte de vain exercice puis que les deux œuvres, bien que ce soit de la fantasy, ne soient pas dans la même démarche. Bref, je ne vais pas m’étaler, mais cette préface n’est pas favorable à ce livre.
Il est toujours difficile de juger un livre aussi ancien, surtout quand il semble avoir marqué son époque par certains de ses aspects. Mais sans aller à le comparer à une littérature plus actuelle, j’avoue que sa lecture ne m’a pas surpris ou transporté outre mesure. Non pas qu’il n’y ait un effet de « déjà lu et relu » par rapport à des récits actuels, mais parce que j’ai lu beaucoup de saga scandinave ancienne. Du coup, j’avais l’impression de lire une ancienne saga scandinave.
Cependant, c’est là une vraie qualité de ce roman. Andersen a très bien su reprendre l’essence des sagas nordiques pour nous en proposer une plus « romancée » et en y inculquant beaucoup d’éléments qui deviendra la fantasy classique : efles, trolls…
L’auteur connait très bien son terreau de base et sans l’utilisé pour nous proposer une histoire tragique et violence, mais (hélas) sans réelle surprise dans son déroulement ou encore dans l’évolution de ses personnages.
Il y a des détails qui m’ont plus. J’avoue que l’auteur change subtilement de personnages principaux. J’avoue, j’ai bien aimé cette manière de suivre un protagoniste quand cela ait nécessaire et de le laisser de côté pour passer à un autre afin de faire continuer l’histoire.
J’ai apprécié que les Hommes ne prennent que peu de place dans l’affaire. Au final, tout se passe dans l’Autre Monde.
Le jeu d’échecs mis en place est aussi très agréable, surtout que, comme je l’ai déjà dit, l’auteur connait son sujet et qu’il a très bien su restituer les caractères (voir caractéristiques) de certains personnages.
Le livre se lit bien. C’est rythmé, dynamique avec de superbes scènes de batailles. C’est sombre, violent, mais où parfois la beauté vient illuminer les lieux.
C’est un peu dégueulasse, je l’avoue, car le livre est ancien, mais niveau personnage féminin, ce n’est pas folichon. D’autant plus que Moorcock, dans sa maudite préface, vante les qualités des femmes de ce récit au détriment de celles de Tolkien. Alors sans dire que Tolkien est un grand féministe, le pense que le personnage d’Eowyn est bien supérieur à Freda. Alors oui, Freda se bat. Mais le narrateur nous dit qu’elle se bat, il ne nous montre pas vraiment Freda se battre. Petite subtilité je l’avoue. Perso, j’aurai plus dit qu’elle se défendait plus qu’autre chose, mais bon… Là où Freda est décevante, c’est qu’elle fait tout par amour de son homme. Finalement, elle n’a rien de très intéressant. C’est l’un de ces personnages féminins à fort caractère typique de certaines sagas, mais qui reste d’une épouvantable passivité.
Il y a le personnage de Leea, une elfe, qui pourrait relever le niveau. Mais c’est une elfe et l’auteur nous fait bien comprendre que ces créatures ne fonctionnent pas comme nous.
Bref, sur ce point-là, je ne pense pas qu’Andersen ou Tolkien puisse vraiment se vanter d’être proposé des personnages féminins dignes de ce nom
Un ouvrage pas facile à chroniquer à cause de son ancienneté et de son histoire du sein de la Fantasy. Le livre reste cependant sympathique à lire, avec une histoire qui se tient et bien rythmé.
Je pense que c’est un roman à lire pour faire sa culture G dans le domaine des littératures de l’Imaginaire. Mais il pourra être difficile à apprécier pour de gros lecteur·trice·s qui auront surement un sentiment de déjà lu, mais aussi pour les amateur·trice·s de récit nordique.