« Même pas mort, première branche » est le premier tome de Rois du Monde de Jean-Philippe Jaworsky.
Présentation :
Je m’appelle Bellovèse, fils de Sacrovèse, fils de Belinos. Pendant la Guerre des Sangliers, mon oncle Ambigat a tué mon père. Entre beaux-frères, ce sont des choses qui arrivent. Surtout quand il s’agit de rois de tribus rivales… Ma mère, mon frère et moi, nous avons été exilés au fond du royaume biturige. Parce que nous étions de son sang, parce qu’il n’est guère glorieux de tuer des enfants, Ambigat nous a épargnés.
Là-dessus, le temps a suivi son cours. Nous avons grandi. Alors mon oncle s’est souvenu de nous. Il a voulu régler ce vieux problème : mon frère et moi, il nous a envoyés guerroyer contre les Ambrones. Il misait sur notre témérité et notre inexpérience, ainsi que sur la vaillance des Ambrones. Il avait raison : dès le début des combats, nous nous sommes jetés au milieu du péril. Comme prévu, je suis tombé dans un fourré de lances. Mais il est arrivé un accident. Je ne suis pas mort.
Avis :
Comment dire…
P*****, ce livre, c’est de la bombe !
Cela fait longtemps qu’on me parle des livres de Jean-Philippe Jaworski et cela fait longtemps que je me disais que je me devais d’en lire un. Bon, j’ai débuté par celui-ci.
On m’a souvent parlé des livres qui vous foutent une claque dans la gueule. Je n’avais pas encore connu de tel choc. Mais ça, c’était avant. Dans ma vie de lectrice (et d’auteure aussi), il y aura un avant et un après Même pas mort. Le héros du livre n’est pas mort, mais moi, ce livre m’a tué.
Ceci dit, pour la première fois dans ma vie de blogueuse, je me retrouve coincée : je ne sais pas comment chroniquer ce livre. D’ailleurs, je pense que beaucoup de blogs l’auront mieux fait que moi.
Alors je m’excuse par avance de l’aspect assez médiocre de ce que je vais écrire. Je pense que malgré mes efforts (cela fait bien deux à trois semaines que je réfléchis à cette chronique), je ne pourrai pas vanter comme il se doit les qualités de ce livre !
Dès les premières lignes, on en prend plein la tronche tant l’écriture est puissante. Vraiment, j’avais l’impression d’être ce Grec à qui Bellovèse raconte son récit.
L’organisation du récit est étrange. Bellovèse, vieux, narre donc à un Grec les aventures de sa vie (enfin une partie, car l’ensemble de la narration se tiendra dans les trois [quatre] volumes). Il y a sans arrêt des retours vers le passé (et non vers le futur… oui, je sors). Cela est bizarre, car on se demande souvent où l’auteur veut en venir. Mais l’explication arrive toujours et c’est toujours surprenant. Le coup de l’île des jeunes, je ne l’ai pas vu venir !
Comme archéologue, j’aurai pu vous parler plus longuement du monde celtique que l’auteur nous propose. Hélas, je ne suis pas celtisante et mes connaissances sont très limitées. Ceci dit, il est clair que l’auteur a fait des recherches plus que dignes de ce nom – les gens plus avertis seront ravis de voir l’ensemble des références. En effet, on ne se contente pas de lire une histoire, on évolue dans l’Histoire.
Dans certains romans, j’ai l’impression que les auteurs nous décrivent un tableau (même s’il y a beaucoup d’action et que le livre est super). Là, on est dans le tableau !
Ce qui est aussi étonnant dans ce livre, c’est qu’il est assez difficile de dire à quel genre il appartient. De l’historique ? Pas complètement puisqu’Ambigat est un personnage légendaire. Du fantastique ? Il se dégage quelque chose de « merveilleux », mais comment dire si c’est du fantastique ? Et c’est juste hyper plaisant ! Et je me dis que ce livre pourrait plaire à celles et ceux qui n’aiment pas la SFFF.
L’aspect qui m’a le plus époustouflé – parce que je m’y connais un peu – c’est celui des contes, légendes et mythes celtiques. Les amateurs du genre vont se régaler ! Ce n’était que le premier tome, mais j’ai été sidéré par la quantité de références mythologiques, parfois assez flagrantes, parfois plus discrète, présente dans l’ouvrage ! Moi-même, je m’y suis laissé prendre !
L’île aux Vieilles ne serait-elle pas une référence à Avalon où les femmes (Morgane et ses sœurs) règnent ? Le personnage de Suobnos me paraissait étrange depuis sa première apparition jusqu’à l’arrivée d’un autre personnage : les gros connaisseurs de légendes arthuriennes prendront une baffe en pleine tronche, comme moi. J’ai enragé avec la belle cavalière que les enfants et le vieux sauvageon poursuivent, car je connais la (ou l’une de ?) légende donc je vais ce « qu’il fallait faire ». Et donc je vociférais contre les personnages pour leur « inaction ».
L’auteur maitrise aussi particulièrement bien les caractéristiques sur le chamanisme ! C’est juste excellent ! Il ne se contente pas d’en parler, il le met en scène de manière royale et somptueuse !
J’ose me risquer à dire que Jaworski, avec les trois (quatre) tomes, fera ce que Tolkien a fait avec les légendes scandinaves.
Pour finir, je dirais qu’il y a eu deux défauts pour moi dans cet ouvrage.
Quatre chapitres pour près de 300 pages !!! J’ai horreur de m’arrêter au milieu d’un chapitre ! Argh !
Ensuite, en terminant le livre, j’étais au désespoir : il n’y a pas de bibliographie !!! Normal, me direz-vous, c’est un roman. Mais c’est qu’il y avait tellement de références (surtout en mythologie) que j’aurai voulu les avoir !
Après, j’avoue qu’il y a des petits points que j’avais relevés, pas parce que c’était mauvais, mais parce que ça m’interpellait. Par exemple, l’auteur utilise le mot « dragon ». Est-ce que ce mot correspond bien à l’époque du récit ? Il a une connotation très médiévale (qui ne pense pas à St Georges et le Dragon). Ou bien encore avec le mot « lémure », terme plus latin – romains — que celte. Non pas que ces deux mots ne correspondent pas à ce que l’auteur veut dire, mais je me suis demandé si cela correspondait bien à l’univers mental celte du récit.
C’est vraiment pour chipoter !
Bref, j’espère que vous l’aurez compris, ce livre est un p***** de coups de cœur ! Je crois que je n’ai jamais été autant marqué par un livre que par celui-ci (dans sa grande qualité hein, non parce que des bouses qui m’ont marqué, il y en a un paquet). Je me répète, mais il y aura un avant et un après Jaworski.
Et pour tout dire, j’ai presque peur de lire un autre roman, de peur d’être déçu d’office.
Alors, il n’y a pas à tortiller du cul (pardon pour la vulgarité), mais jetez-vous sur cet ouvrage. Je n’ai pas de top des 50 ou 100 livres à lire dans sa vie, mais je pense que celui-ci mérite d’être lu !