Les 23, 24 et 24 mai, j’étais présente aux Étonnants Voyageurs, festival international du livre et du film de Saint Malo.
Pour commencer, je tenais à remercier les organisateurs qui m’ont délivré un passe pour la deuxième année consécutive.
Le festival, dispatché sur plusieurs lieux, proposait tout un tas de conférences, de projections et de rencontres, sans oublier le Salon du livre (un antre du Mal, moi je vous le dis !). Les différents lieux se situaient dans l’intra-muros ou bien en ville : l’ensemble des structures était facilement accessible, surtout pour les plus éloignées, une dizaine de minutes à pied (une navette gratuite permettait de relier les lieux les plus éloignés au centre du festival). Cet éclatement permet de présenter plus de choses aux visiteurs, mais pouvait se révéler un peu gênant pour arriver à l’heure à certaines conférences.
Comme l’année passée, j’aurai aimé pouvoir me dédoubler pour pouvoir assister à toutes les conférences qui m’intéressaient. À défaut, j’ai du faire un choix, d’ailleurs j’ai presque volontairement exclu tout ce qui touchait à l’Imaginaire, car je partais pour les Imaginales d’Épinal juste après.
Samedi, j’ai donc assisté à une super conférence sur « Le retour du diable », puis à une autre sur Jack the Ripper et enfin une sur la littérature gothique. J’avoue avoir été assez par cette conférence parce qu’un auteur monopolisait un peu trop le micro et parfois pour partir « un peu loin ». Mais dans le fond, ces trois rencontres furent intéressantes.
Le dimanche matin, j’ai participé à la matinée Savants Fous. J’ai pu voir une vieille version (1931) de Dr Jekyll et Mister Hyde que j’ai beaucoup aimé, même si, il faut bien le dire, il était assez gênant de voir Hyde sous des traits simiesque… avec la peau noire… Bref… vous comprenez… Mais cette réalisation date des années 30… Par contre, j’ai été très déçu par la conférence qui a suivi. La modératrice a monopolisé le temps de parole (elle a parlé 30 minutes durant les 40 premières minutes !), souvent pour dire des choses assez inintéressantes (les 10 min de présentation de chaque invité, je m’en cogne). Il faut dire qu’elle avait mal commencé la conférence en déclarant qu’elle ne comprenait pas pourquoi le Dr Jekyll était considéré comme un savant fou… Oui, enfin, sans chercher bien loin, un mec qui teste sur lui une potion (pour séparer le bien du mal d’un individu) sans prévenir personne, moi, j’appelle ça de la folie. Mais bon… Et pour ce qui est des savants fous, ces derniers ont été abordés dans les 15 dernières minutes, c’est-à-dire lors des 15 min grappillées à la fin de l’heure de conférence.
Si le film était bien (malgré qu’il est très mal vieilli sur certains points), j’ai été très déçu par cette conférence qui fut totalement inintéressante (bien que les invités aient tenté de faire leur possible pour la rendre sympa).
L’après-midi, j’ai assisté à une conférence sur les grands explorateurs et j’en ai été ravi !
Enfin, j’ai assisté à la remise du Grand Prix de l’Imaginaire (GPI) en présence de certains lauréats.
Voilà d’ailleurs les lauréats de ce prix 2015.
Roman Francophone : Aucun homme n’est une île, de Christophe Lambert
Roman Etranger : La grande route du nord (2 tomes), de Peter F. Hamilton
Nouvelle Francophone : L’opéra de Shaya, de Sylvie Lainé (acheté et lu depuis).
Nouvelle Etrangère : La fille flûte et autres fragments de destins brisés, de Paolo Bacigalupi
Roman Jeunesse Francophone : La seconde vie de D’Artagnan, de Jean-Luc Marcastel (dans la PAL, faudrait que je m’y mette)
Roman Jeunesse Etranger : Miss Peregrine et les enfants particuliers (tome 1 et 2) de Ransom Riggs
Prix Jacques Chambon de la traduction : Marie Surgers pour Interbasses de Jeff Noon
Prix Wojtek Siudmak du graphisme : Aurélien Police pour l’ensemble de ses couvertures 2014
Essai : Super-héros, une histoire française, de Xavier Fournier
Prix Spécial : Richard Comballot pour son travail de mémoire sur L’Imaginaire.
Le lundi, j’ai fait une partie de la matinée Polaire, avec un superbe documentaire sur le duel qui opposa Scott et Amundsen pour la conquête du Pôle Sud (et je vous jure que ça prend aux tripes), puis une conférence en présence notamment de Jean-Louis Étienne (qui est très sympathique et agréable).
Durant ces trois jours (bien rempli), j’ai aussi visité quelques-unes des expositions proposées par le Festival. J’en ai été très heureuse, car j’ai pu faire de belles découvertes.
J’ai surtout beaucoup arpenté les allées du salon. J’ai donc eu le plaisir de voir ou revoir des gens (auteurs ou éditeurs) que je connaissais. Mais cela a aussi été pour moi une occasion de découvrir de nouvelles maisons d’éditons, comme les Éditions du Sonneur (qui on reçut le Goncourt de la nouvelle en 2014) (et les échanges avec l’éditrice ont été un réel plaisir) qui possède un catalogue très intéressant ; plusieurs éditeurs comme Ginkgo ou Transboréal (qui ont des catalogues à vendre pères et mères) qui forment l’Union des Éditeurs de Voyages indépendants ; les éditions Paulsen avec un catalogue très axé sur les pôles ; les éditions Chandeigne qui possèdent aussi un super catalogue (mais pourquoi je suis pas riche ?).
Après, il me serait difficile de parler de tous les éditeurs et de tous les livres qui m’ont fait de l’œil.
Et comme je suis faible, j’ai fait quelques achats. J’ai choisi de ne me procurer que des ouvrages axés sur le voyage ou la découverte. Pour tout ce qui relevait de l’Imaginaire, j’avais les Imaginales de la semaine suivante.
L’héritage de Taironas T.01 , de Stéphane Beauverger, François De la Ruquerie et d’Elvire De Cock : À la fin du Second Empire, Richard de la Ruquerie, jeune hobereau normand quitte la France. En se lançant à corps perdu dans l’aventure des premières lignes de chemin de fer, il espère oublier son amour de jeunesse, dont sa famille a préféré qu’elle épouse son propre frère. Pétri de sentiments humanistes mais aussi exalté par l’aventure, il se révèle un négociateur hors pair et va prendre son destin en main. Paysages superbes, amours contrariés, tous les ingrédients d’une grande aventure romantique sont au rendez-vous. Les auteurs se sont inspirés du parcours incroyable d’un pectoral précolombien, retrouvé dans leur famille et aujourd’hui en dépôt au Louvre, pour rendre hommage à un aïeul aventurier et composer une saga sur le passage d’un monde à l’autre, d’une civilisation à l’autre.
Femmes pirates, les écumeuses des mers, de Marie-Eve Sténuit : «Barbe rousse, barbe noire et jambe de bois, oreille percée, gueule balafrée, telle est l’image populaire de la piraterie dans l’inconscient collectif. Un imaginaire nourri d’une exubérante iconographie, d’une impressionnante filmographie et d’une non moins abondante littérature en tout genre. Mais la piraterie présente également un autre visage. Un visage féminin qui n’en est pas plus tendre. Voici l’histoire de quelques-unes d’entre elles.»
Loin des stéréotypes, le rôle des femmes en piraterie ne s’est pas toujours limité au «repos du guerrier», bien au contraire… Embarquez aux côtés des écumeuses des mers, ces femmes pirates éprises de liberté et prêtes à défier l’humanité tout entière, et découvrez les destins extraordinaires de ces filles de l’ombre, parfois travesties, souvent impitoyables et toujours aventureuses, qui surent s’imposer dans l’univers essentiellement masculin de la flibuste.
Le peuple des tunnels 1900-1930, d’Astrid Fontaine : Le Nord-Sud, une compagnie de métro oubliée. Des intrigues politiques compliquées. Un mystérieux ingénieur. Des centaines d’hommes et de femmes qui s’activent dans les galeries souterraines de la capitale et se débattent, tentent de survivre à Paris entre 1905 et 1930.
De son vrai nom, la Société du chemin de fer électrique souterrain Nord-Sud de Paris fut l’une des deux compagnies privées du métro parisien, crée en 1902 et absorbée en 1931 par sa concurrente, la puissante CPM (Compagnie du Métropolitain Parisien), qui deviendra en 1948 la RATP.
Les archives du Nord-Sud aujourd’hui conservées au siège de la RATP ont révélé à Astrid Fontaine, ethnologue, les dossiers des milliers d’employés : un monde d’une grande variété et donc d’une grande « richesse ».
Au fil d’abondantes correspondances et d’anecdotes qui ponctuent la vie quotidienne de cette petite compagnie de métro, apparaît l’envers du décor de la Belle Époque : la tuberculose, les ravages de l’alcool, la violence des moeurs, la dureté
des conditions de vie et de travail, les premières luttes sociales, la Grande guerre et ses drames.
L’exploration de la Sibérie, d’Antoine Garcia et Yves Gauthier : » On vivait là, couchés sur des planches, emmitouflés de peaux de rennes, la tête appuyée sur des oreillers de plume, à plusieurs sans doute dans un espace de moins de cinq mètres carrés, près d’un poêle de pierre qui chauffait sans excès. On se cloîtrait dans des murs faits de troncs d’arbres glanés sur le rivage, charriés par des rivières d’une origine plus boisée que la toundra (…). Par terre, un matelas naturel de détritus et reliefs alimentaires abondamment composé d’os de renards blancs aux boîtes crâniennes brisées, signe qu’on en mangeait la cervelle. » (Extrait) Entre les premiers aventuriers cosaques franchissant l’Oural et l’ouvrier stalinien qui parcourt à vélo le Taymir, ce véritable continent qu’est la Sibérie vit progresser nombre d’explorateurs. Etrangers aux services des tsars, décembristes d’Irkoutsk curieux du lieu de leur exil, cartographes infatigables accompagnés de guides indigènes dévoués, ils réduisirent les taïgas inquiétantes, les toundras désolées, les montagnes inconnues, à une carte dont le lac Baïkal est le fleuron, à un pays que ne limitent plus que l’Amour et les océans Arctique et Pacifique. Au fil d’anecdotes, de portraits, Yves Gauthier et Antoine Garcia nous content avec rigueur, cartes à l’appui, illustrée de documents parfois inédits, l’exploration d’une région du monde jusqu’à peu encore si méconnue qu’il n’existait aucun ouvrage de fonds similaire.
Anna d’Arabie, d’Anna Blunt : Trente-cinq ans avant T.E. Lawrence, une femme audacieuse et passionnée, Anna Blunt, se risque dans l’immensité de sable du centre de l’Arabie, véritable terra incognita aux yeux de l’Occident. La violence des éléments, l’absence de points d’eau, l’incertitude des pistes, un pouvoir politique entre les mains de princes fanatiques : voilà à quoi s’exposaient Anna et son mari, Wilfrid Blunt, en se lançant dans la fournaise du Nefoud, puis au cœur des hautes terres interdites du Nedjed, dans le but de traverser la péninsule de part en part, de la Méditerranée au Golfe. Pourtant, qu’elle pénètre l’intimité d’une tente bédouine ou l’ombre troublante d’un harem, Anna Blunt, la cavalière du désert, n’aura de cesse de s’émerveiller et de nous dire l’absolu de ce désert, si bien accordé à son caractère. (Note : Anna Blunt est la fille d’Ada Lovelace et donc petite-fille de Lord Byron)
Le mystère de la baleine blanche, aux origines de Moby Dick, présenté par Dominique Brun : Géant paisible capable de se muer en démon justicier, Moby Dick nous hante depuis sa création, en 1851, par l’écrivain Herman Merville. Longtemps incarnation du mal caché en nous-même, le cachalot blanc est maintenant l’image d’une Nature que se retourner avec violence contre celui qui la blesse. Il est d’autant plus fascinant de découvrir qu’il avait un modèle, ou plutôt des modèles, auxquels Merville emprunta beaucoup.
Voici, aux sources du mythe, les témoignages vécus des hommes qui ont rencontré le véritable Moby Dick, et en sont revenus vivants.
Voilà pour ma razzia de livres.
Pour donner quelques avis sur des choses plus générales, je trouve que le festival fait des efforts pour permettre à un large public d’accéder à ses espaces, comme la mis en place d’un espace garderie pour les 3 – 12 ans.
Malheureusement, je trouverai un défaut au festival : le prix des entrées. Si j’ai la chance de pouvoir participer à tout le festival, c’est parce que j’ai la chance d’avoir mon passe presse qui me donne accès à toutes les structures. Mais pour une famille standard (deux adultes et deux enfants), l’entrée me parait chère, surtout quand certains ne viennent que pour le Salon du livre, même avec les tarifs réduits…
J’avoue que si je n’avais pas mon passe presse, je ne suis même pas sûr de me déplacer pour une journée (car il faut compter l’essence pour faire rennes-saint malo).
Malgré quelques déceptions (et surtout du fait que je ne peux pas me dédoubler, voir me « détripler »), cette édition du festival des Étonnants Voyageurs fut encore un vrai plaisir.
J’espère avoir la chance de pouvoir revivre cette aventure l’année prochaine.
Un grand merci à mes camarades qui m’ont accompagné lors de ce long week-end !