« Le cour, Nid d’espions – Caterina Gazzetti, une espionne à la cour de Catherine de Médicis » est un essai de Pierre Nevejans.
Présentation :
Comment Caterina Gazzetti, demoiselle de compagnie de la reine Catherine de Médicis, est-elle devenue une espionne au service de son cousin, le duc de Florence, Côme de Médicis ? Quel rôle Antonio Gazzetti, son frère, emprisonné pour sédition contre ce même duc, a-t-il joué dans cette affaire d’espionnage ?
En retraçant leur histoire, ce livre permet d’entrer dans le monde de la cour de France au XVIe siècle, celui des dames de compagnie, des ambassadeurs et des serviteurs de second rang.
Cet ouvrage est fondé sur une enquête minutieuse dans les archives françaises et italiennes. Sa rédaction fait suite aux recherches menées dans le cadre d’une thèse de doctorat (Sorbonne / École normale supérieure de Lyon) : Les diplomaties plurielles de Côme Ier de Médicis. Les agents florentins et la France à la fin des guerres d’Italie (1537-1559).
Dans cette version destinée à un public plus large, l’auteur raconte la vie de Caterina Gazzetti et des réseaux d’espionnage florentins en France au XVIe siècle, mais aussi les coulisses du métier d’historien.
Avis :
Voilà un court livre que j’attendais avec impatience ! À la fin, mi-figue mi-raison, mais je crains que mes espoirs ne fussent un peu trop grands.
Mes espoirs ont été grands, mais mettons les choses au point directement. Ce n’est pas la faute de l’auteur, mais la faute des sources ! Bouh snif ! En effet, avec le sujet de l’espionnage à la cour de Catherine de Médicis, j’espérais beaucoup. La réalité est hélas moins palpitante, car sur un tel sujet, les sources manquent ou restent « évasives ». Rien de bien surprenant en fait.
D’ailleurs, le problème de sources — et de leurs interprétations — est bien traité dans l’ouvrage. Que ce soit leur conservation ou leur accessibilité, sans parler de leur analyse et compréhension, l’auteur vous fait part des difficultés du métier d’historien, en particulier sur un sujet aussi secret que l’espionnage et le renseignement.
Ceci dit, l’ouvrage demeure très intéressant. Nous découvrons donc comment deux personnages, Caterina Gazzetti et son frère ont pu servir d’espion, d’agents de renseignements, à la cour de France, auprès de Catherine de Médicis et au sein des exilés florentins en France. Comment est-ce que ces réseaux se mettent en place, par qui, pourquoi ? Une tâche pas si simple à déterminer. Par ailleurs, le livre montre que la place des femmes, dans le monde diplomatique, n’est pas anecdotique dans le sens où certaines dames ont accès aux Grands, si ce n’est le roi et la reine (Catherine de Médicis en l’occurrence). Un aspect qui m’a beaucoup plus, car il est assez pénible d’entendre encore que ces « dames » ne faisaient rien si ce n’est faire des bébés, soumis qu’elles étaient à leurs maris. La réalité est plus complexe et elles n’échappent pas aux jeux politiques.
Un bémol cependant. Je ne suis pas experte, mais j’ai la chance de connaître un peu la période et quelques-uns des grands personnages évoqués dans le livre. Certains passages ne m’ont pas posé de soucis, mais par moment, je me suis demandé si des personnes plutôt néophytes l’allaient pas rencontrer quelques soucis de compréhension. Rien de bien méchant, mais je me suis posée la question. Le sujet est, certes, très spécifique et spécialisé, mais peut-être qu’un peu de remises en contexte et de présentation auraient été nécessaires.
Ah si, autre bémol : les notes en fin d’ouvrage ! ARG !!! En bas de page ! Team note de bas de page ici !
Et pour terminer, j’ai trouvé l’ouvrage trop court. J’aurais aimé en savoir davantage, mais comme dit plus haut, entre mes attentes et les sources, il y a un monde.
Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé le livre très intéressant et ouvre de belles perspectives de compréhension sur le renseignement au XVIe siècle.