« Les genres fluides. De Jeannes d’Arc aux saintes Trans » est un essai de Clovis Maillet.
Présentation :
Pouvait-on changer de genre au Moyen Âge ? Vivre en homme et devenir sainte ? Naître fille et finir chevalier ? Changer d’habits comme d’identité durant cette période dominée par la chrétienté ?
Pour faire taire les idées reçues, Clovis Maillet démontre que les expériences de transidentité ne sont pas l’apanage de la modernité. Que le combat pour l’émancipation peut même passer par la réappropriation des figures de l’histoire. Ainsi l’héritage de Jeanne d’Arc est-il disputé à la droite nationaliste par les militants queer libertaires qui la considèrent, depuis la fin du xxe siècle, comme une guerrière transgenre.
De Jeanne d’Arc à Hildegonde-Joseph en passant par Eugénie-Eugène, sainte Thècle ou le chevalier Silence, ce livre propose une réflexion sur le genre en retraçant une histoire trans de l’époque médiévale.
Avis :
Un ouvrage très intéressant, mais bien trop court à mon goût.
Les notions de genre et de transidentité sont-elles des notions récentes ?
Pas vraiment. Le « soucis » de ces notions, c’est qu’elles évoluent au cours du temps (et du lieu géographique).
En partant du personnage de Jeanne d’Arc, l’auteur nous montre comment ces notions, et surtout la notion de genre, sont quelque chose de très fluctuant au cours de l’époque médiévale, soit via des personnages de fiction soit via la vie de saint·es.
Personnellement, j’ai trouvé ce livre fascinant et très bien construit. Il permet de montrer qu’il existe une forme de tradition de personnage avec une fluidité de genre beaucoup plus complexe que le simple homme/femme. S’il est souvent question des tenues vestimentaires — qui a certaines époques sont le marqueur de genre plus que les organes —, les comportements des divers personnages présentés témoignent d’une forme d’acceptation de « changements » de sexe. Il est d’ailleurs assez remarqué de voir que certaines femmes atteignent un état de sainteté parce qu’elles sont « devenues » hommes. Les épreuves qu’« elles » affrontent témoignent d’une force hors du commun.
Bien que j’ai adoré ma lecture, j’aurai aimé quelque chose de plus long, de plus complexe. Mais pour mettre un pas dans la période médiévale et dans ces notions de genre et de transidentité c’est parfait.
Un ouvrage que je recommande.