« Ötzi : une vie décongelée » est une BD de Colochon, avec une préface de Claudine Cohen (préhistorienne).
Présentation :
En 1991, à la frontière entre Alpes italiennes et autrichiennes, un couple de randonneurs découvre le corps d’un homme momifié, bientôt baptisé Ötzi.
Une découverte qui soulève bien des questions : Qui est-il ? À quoi avait ressemblé sa vie ? Pas facile de le dire… d’autant que l’homme en question est mort il y a plus de 5 000 ans, à la fin du Néolithique. Heureusement pour les chercheurs, l’ancêtre a passé toutes ces années enfoui sous la glace et en est sorti sacrément bien conservé, malgré son âge avancé !
Pourtant, si les études ont permis de déterminer sa condition physique ou encore la composition de son dernier repas, certaines zones d’ombre demeurent. Impossible de connaître précisément son histoire et de savoir ce qui l’a mené à gravir la montagne, jusqu’à plus de 3000 mètres d’altitude, une pointe de flèche dans le dos. Mais où s’arrête le champ de compétences de la science commence celui de l’imagination !
Colocho nous raconte la vie d’Ötzi et comble ses parts d’ombre avec humour et vraisemblance. En résulte l’histoire captivante d’un homme à qui un oracle a prédit la renommée… d’ici quelques millénaires !
Avis :
Une BD qui ne m’a pas particulièrement convaincu.
Ötzi, j’aime bien ! Une histoire archéologique incroyable et un monde d’imagination aussi vaste que les montagnes où on l’a découvert. J’étais donc bien contente quand ma mère m’a acheté cette BD. Après lecture, je suis un peu moins emballée.
Première difficulté pour moi, le graphisme. Alors, je sais que ce n’est pas simple de juger un style graphique, surtout quand un bédéiste a son style bien à lui. Personnellement, j’ai souvent du mal à lire une BD quand le trait graphique ne m’emballe pas. Mais j’essaie d’y faire abstraction parce que si le dessin sert le propos, il n’est pas que le propos.
L’auteur nous propose une possible manière dont notre cher Ötzi a fini là-haut dans les glaces. Et j’avoue que sa version ne m’a pas particulièrement emballé. Non pas qu’elle soit mauvaise, attention, car il n’y a pas de « version » officielle, mais je ne lui aie pas trouvé une grande originalité. Si Ötzi est allé mourir là-bas, c’est pour une « banale » histoire de tromperie. J’avoue que comme fait original, on a fait mieux.
C’est dommage à plus d’un titre. Déjà parce que le récit nous présente des personnages un peu atypiques. Un jeune garçon un peu simplet — dirons-nous —, une cheffe du village, un chaman un peu particulier peut-être pas aussi sage que ce que l’on puisse imaginer.
Même Ötzi (de son nom ancien Horbuprän) a quelque chose d’intéressant. Il est présenté comme un « raté » dont l’heure de gloire arrivera « 5000 ans après sa mort » dixit le chaman.
J’avoue que j’ai beaucoup aimé le passage où Ötzi travaille le cuivre ! Car oui, il avait au moins une hache en cuivre. Normal, le récit se déroule à la transition encore l’âge de la pierre polie, le Néolithique, et les âges des métaux : le Chalcolithique — même si je sais que cette terminologie est parfois obsolète.
Dommage parce que l’un de ces points intéressants, celui d’avoir une cheffe de village — dont l’autorité n’est jamais remise en cause — mais d’avoir reproduit un schéma bien sexiste dans l’histoire de coucherie. Finalement, être une femme, c’est être la propriété de son « époux ». On a l’impression de voir une reproduction du mariage contemporain alors que rien ne nous permet de savoir ce qu’il en était des unions hommes/femmes. Situation bien pénible encore que la femme en question n’est plus une jeune femme, qu’elle a donné deux garçons (ce qui doit toujours être mieux que des filles, je suppose) et que son homme ne la regarde plus.
Je suppose que vous l’aurez donc compris, Ötzi meurt tué (la fameuse pointe en os dans le dos) pour avoir couché avec la femme du meilleur guerrier.
Autre point qui m’a un peu embêté : la grande violence.
Je dirais presque sur le papier, pourquoi pas. Mais cela est peut-être dû au manque de développement de l’univers, mais certains conflits paraissent nébuleux. On a l’impression que « tiens, il faut trouver une explication au conflit, on va dire qu’il y a ça ou ça ».
Pas convaincu pour le coup.
Dernier point qui m’a un peu déçu : le peu de passage dans le présent.
Par moment, la BD revient sur la découverte de la momie des glaces, sur son étude et même sur sa bataille juridique pour savoir qui de l’Autriche ou l’Italie aura la garde.
Ces passages sont parfois un peu vite expédiés, donnant juste l’impression d’effleurer les sujets qu’ils abordent, mais ne se privant pas de faire référence à des éléments scabreux.
Si j’essaie de faire abstraction du style graphique, il y a assez peu de choses qui m’ont convaincu dans cet ouvrage. Une histoire peu intéressante reproduisant des clichés sexistes, une aventure peu originale malgré des éléments plutôt bien trouvés, une partie « présent » peu développée.
Avec une préface de Claudine Cohen, j’avoue que j’aurai espéré mieux.