« Les sociétés matriarcales. Recherches sur les cultures autochtones à travers le monde » est un essai de Heide Goettner-Abendroth.
Présentation :
Dans cet ouvrage pionnier, fondateur des Recherches matriarcales modernes, Heide Goettner-Abendroth définit pour la première fois clairement et scientifiquement le concept de matriarcat, jusque-là décrié et opaque, qui lui permet de revisiter l’histoire culturelle de l’humanité. Dans un aller-retour permanent entre le terrain et la théorie, elle offre une vue d’ensemble des sociétés matriarcales dans le monde à travers l’étude de chacune d’entre elles, faisant apparaître que celles-ci ont, non seulement précédé le système patriarcal apparu seulement vers 4000-3000 ans avant notre ère, mais qu’elles lui ont survécu jusqu’à ce jour sur tous les continents. Elle met en lumière que les sociétés matriarcales, loin d’être une image inversée du patriarcat, comme le prétend l’idéologie dominante dont l’autrice fait une critique radicale, sont des sociétés d’égalité et de partage entre les sexes. D’où l’utilité de leur étude pour aider les femmes, et les peuples autochtones en particulier, à penser une alternative au système de domination patriarcal et colonisateur.
Tout d’abord publiés en allemand dans une version longue, ces travaux qui ont inspiré plusieurs générations de étudiant.e.s et universitaires en histoire et en anthropologie, ont été édités en anglais et en espagnol dans une version internationale aujourd’hui enfin disponible en français.
Avis :
Ah super, un livre qui va nous montrer ces horribles sociétés matriarcales où les femmes arrachent les couilles des hommes avec leurs dents, comment elles réduisent en esclavages, aux champs et sexuels, ces pauvres hommes sans défense…
Ou pas du tout en fait. Mais pas du tout en fait.
Cet ouvrage nous propose de découvrir des sociétés matriarcales à travers le monde et d’essayer de donne une définition de ce qu’est le matriarcat. En effet, ces sociétés minoritaires ne sont pas des patriarcats inversés. Au contraire, bien que ce soit les femmes qui soient centrales (et non pas dominatrices) ces sociétés proposent des relations bien plus égalitaires que le monde patriarcal qui repose principalement sur la domination et l’oppression.
Dans une première partie, l’autrice revint sur l’historique des recherches sur les sociétés matriarcales et les biais qui ont pu orienter certains résultats. Parce qu’on s’en doute, les hommes anthropo/ethno n’ont pas toujours eu l’esprit assez ouvert pour reconnaître le « pouvoir » des femmes dans certaines sociétés, cherchant toujours à trouver « l’homme » de pouvoir. Sans oublier que nombre de chercheurs étudiaient les hommes, les femmes étant négligeables dans une société. D’ailleurs, il me semble que dans Tristes Tropiques, Strauss raconte que les hommes du village où il se trouve partent laissant le village vide. À l’exception de lui… et des femmes et des enfants (tu la vois l’invisibilisation des femmes ?)
Ensuite, l’autrice propose une méthodologie pour tenter de définir le matriarcat à partir de nombreuses recherches.
La grande majorité de l’ouvrage se compose de chapitre où les diverses sociétés matriarcales sont présentes. Bien que reteints (il est évident qu’on ne peut pas présenter toute une population en si peu de page), les exemples nous amènent à découvrir les points importants de ces sociétés.
J’avoue que cet ouvrage m’a beaucoup plus. Déjà, il me permet de découvrir des populations que je ne connaissais pas, mais aussi parce qu’il propose un nouveau point de vue sur certaines populations.
Bien sûr, je garde un regard critique sur l’ensemble du livre. L’autrice est aussi dans une démarche engagée, donc il est possible que des résultats de ces travaux puissent partir d’un biais. Néanmoins, je pense que ce livre et l’ensemble des études des sociétés matriarcales par des chercheur·euses féministes et parfois autochtones pourront permettre d’avoir un regard neuf sur certaines sociétés. Par ailleurs, on pourra constater que ces sociétés matriarcales offrent des exemples de sociétés où la domination brutale et violente n’est pas la base.
Je suis désolée de faire une chronique si superficielle de cet ouvrage qui mériterait mieux, mais j’ai une main blessée et il est donc compliqué de taper.
À découvrir !
Je le mets en coups de cœur !
C’est toujours intéressant de voir d’autres modèles de société que la nôtre, je lirai bien ce livre à l’occasion 🙂