« La Grande Histoire des premiers hommes européens » est un essai d’Henry de Lumley.
Présentation :
La présence des hommes sur notre continent remonte à 1.8 million d’années.
De site en site, de la Géorgie à l’Italie et à l’Espagne, de la France méridionale à celle du Nord, voici une invitation à marcher sur les traces des premiers Européens. Jusqu’en Angleterre et dans les plaines de l’Europe centrale et orientale. À chaque pas, c’est une étape de l’évolution que l’on découvre : le développement des outils et de la pensée, l’invention de la chasse et, enfin, l’avènement du feu, annonciateur de l’art et de la culture.
Les centaines de milliers d’années qui ont fait de nous des hommes.
Avis :
Une très grosse déception.
Beaucoup de choses à dire sur cet ouvrage et rien de très glorieux.
Déjà, je me demande quel est le public visé. En effet, avec ses gros caractères de remplissages, le livre propose de découvrir les débuts de l’Humanité et son arrivée en Europe au travers des restes humains et des technologies lithiques. Soucis : pour le public lambda, le vocabulaire est très spécifique aussi bien concernant les ossements que les outils taillés, mais aussi sur l’évolution du climat et de la faune. Personnellement, je ne sais pas reconnaitre une espèce animale avec seulement son nom latin. Pour un public un peu connaisseur, j’ai peur que l’ensemble reste un peu superficiel. Pour les plus spécialistes ou même les étudiants, c’est la douche froide : PAS DE BIBLIOGRAPHIE ! Non, je ne déconne pas ! Certes, l’auteur reprend son fonds de commerce avec des sites qu’il a fouillés et qu’il connait très bien, mais pour un ouvrage scientifique c’est quand même une HONTE de ne pas avoir mis de bibliographie, même si cette dernière ne renvoyait qu’aux travaux de l’auteur.
Ce manque de bibliographie est d’autant plus pénible que je suis donc obligée de croire sur parole tout ce que l’auteur me dit. Et quand je lis que monsieur allait chasser à ses risques et périples pendant que bonbonne reste avec sa horde de marmots… pour Homo habilis… J’ai du mal à envisager qu’un être pas encore complètement humain puisse agir ainsi.
Et là, on touche à un gros défaut de l’ouvrage : le sexisme. L’auteur, qui certes n’est plus tout jeune, nous ressert des affirmations dignes des années 50 où la femme n’est qu’une faible chose sous la protection d’un homme fort rapportant la nourriture. J’ai quand même du mal avec ses affirmations.
Par ailleurs, on constate que c’est La Grande Histoire des premiers hommes, et non pas des premiers Hommes. Nuance subtile. Mais à l’école, homme avec un petit h, ce sont les « mâles » ; avec un grand H, l’Humanité avec les hommes et les femmes. Alors, je veux bien admettre qu’il y a ici une déformation professionnelle du préhistorien. Mais au final, hormis Lucy qui a tous les honneurs, les femmes des différentes espèces Homo sont réduites à une non-existence hormis la reproduction. Or comment peut-on dire cela d’une entité féminine qui n’est pas une humaine moderne comme nous ? À partir de quelles études ethno pouvons-nous faire des comparaisons et des spéculations ? Oh, attendez, il n’y a pas de bibliographie !
Sans grande surprise, le livre est une sorte de catalogue, énumération, des découvertes archéologiques et paléoanthropologiques qui permettent de retracer l’histoire du premier peuplement de l’Europe. On y trouve aussi de nombreuses informations sur la faune et le climat des différentes époques. C’est parfois un peu lassant, surtout que l’ouvrage est très descriptif. Tout ce qui est interprétation est très léger (sauf pour dire que monsieur chasse et boniche enfante)… sans bibliographie pour appuyer les propos.
Ceci dit, j’ai trouvé ça bien que l’ouvrage propose de rapides biographies des chercheur·euse·s qui ont fait des découvertes permettant de mieux comprendre l’évolution et les déplacements des australopithèques et des premiers Homo. On regrettera cependant que la compagne de l’auteur, grande paléoanthropologue, qui a travaillé toute sa vie avec son époux soit très associée à ce dernier, alors que lui n’est pas associé à son épouse. Monsieur travaille seul, Madame travaille avec Monsieur… BREF !
Un ouvrage que je ne peux absolument pas recommander ! Outre des propos d’un autre âge, le livre ne présente aucune bibliographique et n’a donc aucune valeur scientifique !
À bannir complètement !