Le 18 décembre 1912, à Londres, deux savants présentent les vestiges très anciens d’une mâchoire et d’un crâne humains. Nul au sein de la brillante assemblée qui réunissait de nombreuses sommités scientifiques autour des deux hommes ne soupçonna l’incroyable supercherie qui allait transformer cette « découverte » en une affaire digne d’une enquête de Sherlok Holmes. L’« homme de Piltdown » retint l’attention des meilleurs experts, jusqu’au jour, où, quarante ans plus tard, le British Museum dut reconnaître que le « premier Anglais» était un faux. Les plus fins limiers tenteront tour à tour de démasquer l’auteur et les éventuels complices de ce « crime » scientifique, extraordinairement sophistiqué et sans précédent. Les suspects ne manquent pas, certains des plus inattendus, tels Sir Arthur Conan Doyle, le créateur de Sherlock Holmes, et le père Teilhard de Chardin. Dans cet ouvrage écrit comme un roman policier, le paléontologue Herbert Thomas mène à son tour l’enquête. Après presque un siècle riche en rebondissements, livre-t-il enfin la clef de l’énigme?
Avis :Un livre très intéressant.
L’affaire de Piltdown est une des plus grandes impostures archéologiques connues à ce jour. En effet, dans les années 10, un certain Dawson découvre les restes d’un « humain » préhistorique en Angleterre. Après moult débats, les ossements sont considérés comme vrais puisque de nombreux spécialistes sont catégoriques. Mais voilà, dans les années 50, nouvelles analyses avec de nouvelles technologies et c’est la douche froide : ce sont des faux. Les restes du crâne sont ceux d’un homme probablement médiéval et la mâchoire, celle d’un orang-outang.
Que s’est-il passé ? Qui a monté cette imposture et pourquoi ? C’est ce que le livre tente d’expliquer tout en cherchant le responsable de cette affaire.
L’auteur présente l’affaire comme une enquête policière, multipliant les références aux grands détectives (Holmes, Poirot, Marple). L’ouvrage se lit très bien avec une écriture dynamique, très orale certes, mais qui donne un aspect très roman à l’ensemble.
Outre les faits, Thomas enquête sur les personnalités lesnplus susceptibles d’avoir pu monter cette imposture et les raisons de leur démanche. Si on exclut Conan Doyle (oui, il a bien été accusé d’escroquerie, car il possédait une maison non loin du lieu de Piltdown) qui reste anecdotique et qui fait référence à la manière dont l’ouvrage est présenté, les suspects sont nombreux. Hélas, personne jusqu’à maintenant n’a pu déterminer l’auteur de cette fraude monumentale. Et Thomas n’apporte pas non plus de conclusion définitive, même si ces soupçons se portent sur le personnage de Dawson.
J’ai quand même un reproche important à faire à cet ouvrage : un manque de remis en contexte concernant l’archéologie, la préhistoire et la paléoanthropologie en ce début de XXe siècle. Ayant eu la chance de lire la biographie de Boucher de Perthes peu avant, certaines choses me paraissaient évidentes. Hélas, je ne crois pas que le grand public puisse tout saisir le retentissement de la découverte d’un personnage préhistorique à cette époque en Angleterre. D’ailleurs, cette – fausse – découverture fut la première du genre dans le pays. Bonne chose pour le vil anglois qui jalousait la France et l’Allemagne à ce sujet là.
De plus, ce type de controverse sur des Hommes anciens, il y en avait eu en France du temps de Boucher de Perthes avec l’affaire de la mâchoire du Moulin Quignon.
Quoi qu’il en soit, j’ai beaucoup apprécié ma lecture, d’autant plus que les affaires de faux en archéologie m’intéressent beaucoup, tout comme les controverses du domaine.
À découvrir.