« Boucher de Perthes. Les origines romantiques de la Préhistoire » est un essai de Claudine Cohen et Jean-Jacques Hublin.
Présentation :
Jacques Boucher de Perthes (1788-1868) est le « père de la préhistoire », discipline née, autour de 1860, des révolutions scientifiques du XIXe siècle. Directeur des douanes d’Abbeville, écrivain prolixe, poète et dramaturge sans succès, il fut le témoin et l’acteur des boulversements politiques de son temps. Il se passionna pour l’existance de « l’Homme fossile » (il parlait plus volontier de « l’Homme antédiluvien ») qu’il fit reconnaitre, au terme d’un long combat, par ses contemporains.
S’efforcant de ne négliger aucun des aspects d’un personnage complexe, Claudine Cohen et Jean-Jacques Hublin brossent à travers lui le portrait d’une génération romantique aux intérêts multiples, celle de Stendhal et de Victor Hugo, curieuse autant de science que de littérature et de politique. En présentant cette figure exceptionnelle de la science française, les auteurs proposent un récit pasionnant et vif, remarquablement informé et documenté, qui associe finement histoire culturelle et histoire des sciences.
Avis :
Un livre très intéressant.
La préhistoire est née en France. Le saviez-vous ? Maintenant oui. Et l’un de ses pères, pour ne pas dire son père, est Jacques Boucher de Perthes de Crèvecoeur (de son nom complet – oui, ça ne s’invente pas !).
L’ouvrage retrace donc la vie de cet homme atypique qui eut une vie bien remplie et que ne commença l’archéologie que vers ses cinquante ans !
Il y aurait tellement à dire sur ce livre tant il est riche ! J’ai découvert un personnage fascinant avec de multiples facettes dues à une curiosité sans bornes ! Avec hélas des côtés plus sombres – si on peut dire – comme son manque de rigueur scientifique qui lui posa bien des soucis dans l’accréditation des ses hypothèses. Pour un côté plus léger, il est aussi le premier (?) à poser l’idée des micromégalithes (blague d’archéo).
L’aspect que j’ai le plus aimé est la remise en contexte avec l’évolution des sciences naturelles. Je pense qu’il est essentiel de connaitre le milieu scientifique du XIXe siècle pour comprendre toutes les étapes qui ont pu conduire à la naissance de la préhistoire et de l’idée d’homme antédiluvien. En effet, c’est en ce temps-là qu’on voit aussi naitre la géologie et stratigraphie et que l’Origine des Espèces de Darwin vient mettre un terme (du moins en Angleterre, en France, ce sera plus long) au début fixiste/évolutionniste.
Ce livre a aussi d’attrayant qu’il mêle biographie et histoire des sciences, ce que j’aime beaucoup. D’autant plus que le personnage est passionnant ! (et avec une pointe de féminisme avant l’heure puisqu’il pensait que l’égalité salariale des femmes permettrait de faire progresser positivement la société, surtout chez les plus pauvres ! et nous sommes au milieu du XIXe siècle !)
La lecture est fluide et très agréable. L’ouvrage se lit tout seul sans que l’on ne trouve aucune complexité dans les idées exposées ou dans les aventures de notre « papa-préhistoire ».
Bref, un ouvrage que je ne peux que recommander pour celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’archéologie, à la préhistoire, mais aussi à l’histoire des sciences !
À découvrir !