« Par les armes : le jour où l’homme inventa la guerre » est un essai archéologique d’Anne Lehoërff.
Présentation :
Un jour, vers 1700 avant notre ère, une épée sortit de l’atelier d’un bronzier, marquant un jalon clef dans une course à l’armement qui ne cessa alors plus. Révolution technologique, cette invention eut des conséquences majeures. La figure du guerrier émergea, les sociétés de l’âge du bronze se transformèrent. Elles rendirent la guerre légitime et l’organisèrent aussi bien économiquement que politiquement. L’Europe occidentale du IIe millénaire inventa un modèle spécifique, une troisième voie de civilisation qui ne fut ni celle des villes, ni celle de l’écrit. En abordant le sujet « par les armes », Anne Lehoërff s’interroge sur le développement de la guerre, sur la longue durée, dans ces sociétés orales qui ont été très longtemps mal comprises, ignorées au sein d’une histoire intellectuelle dominée par l’Antiquité classique opposée aux « primitifs ». Nos ancêtres européens ont eu une autre histoire. Cet ouvrage la raconte.
Avis :
Pour débuter, merci à Babelio pour ce Masse Critique.
Un livre très intéressant qui m’a ouvert des portes de réflexion en plus d’enrichir ma vision de l’âge du Bronze.
J’avoue qu’au début de la lecture, j’ai été un peu déçue. En effet, j’attendais quelque chose de beaucoup plus archéologique – typologique dirons-nous. Je pense que je m’attendais plus à une sorte de catalogue des objets liés à la guerre à l’âge du Bronze, leur contexte de découverte et de fouilles, puis leurs analyses pour en déduire les éléments qui relève de la guerre.
Mais au fur et à mesure que je mangeais les pages, je me suis rendu compte que le livre est plus intelligent et du coup plus intéressant qu’un simple catalogue, c’est un véritable essai qui porte plus sur ce qui entoure une arme et la guerre.
Que nous apprennent donc ces armes que l’on retrouve dans le contexte de « dépôts » (objet de même type ou groupe hétérogène déposé en pleine terre ou en milieu humide en dehors de tout cadre d’habitat ou funéraire) ou bien dans une tombe, ou bien dans les rivières pour les épées principalement (et Arthur jeta Excalibur dans le lac…) ? Finalement plein de choses.
J’avoue que la partie qui m’a le plus intéressé concerna celle sur la métallurgie du bronze et le savoir-faire des artisanats de l’époque. Il est vrai que pour les périodes anciennes, les gens s’imaginent encore et toujours ces sortes de « sauvages » qui survivent (presque au petit bonheur la chance – moins depuis l’agriculture et l’élevage) et où le travail du métal relève plus de la chance qu’autre chose. Alors que c’est complètement faux. Ces gens maitrisaient très bien leur art, autant que cela soit possible avec les conditions de l’époque, c’est-à-dire avec brio.
On voit aussi ce que ces armes impliquent dans la société. Tout le monde n’en a pas : cela coute cher, surtout pour une bonne lame. Combattre ? Oui, mais pour qui ? Pourquoi ? Comment ? Dans quel cadre « politique » regroupe-t-on une armée ? Quelle organisation sociale cela implique-t-il ?
Et bien sûr, quels témoignages avons-nous de la guerre ? Des champs de bataille ?
J’ai beaucoup apprécié ma lecture même si j’ai eu un peu de mal à m’y mettre au début (comme dit précédemment, je m’attendais à autre chose). Au final, c’est un essai très intéressant qui m’a ouvert de nombreux horizons et duquel j’ai beaucoup appris.
À découvrir pour les amateurs du genre !