« Thugs, la confrérie secrète des étrangleurs indiens » est un essai de Mike Dash
Présentation :
Au dix-neuvième siècle, tandis que l’Inde était sous domination anglaise, les Thugs existaient déjà depuis plusieurs siècles, et sévissaient impunément sur les routes. Déguisés en simple voyageurs, ils rejoignaient des caravanes en cours de route et sélectionnaient leurs cibles. Lorsqu’ils avaient gagné la confiance de leurs compagnons, ils attendaient d’avoir atteint un endroit isolé et, profitant de la nuit ou d’un moment de repos, ils étranglaient leurs victimes avec leur rumāl, un foulard d’apparence innocente, et s’accaparaient leurs biens. On estime que 50 000 personnes furent tuées lors de ces vols.
Les Thugs ne laissaient que rarement des témoins ou des traces. Ils étaient maîtres du déguisement et de l’infiltration, transmettant leur savoir de père en fils. Peu suspectaient que ces redoutables bandits de grand chemin, leurs méfaits accomplis, vivaient le reste du temps des vies tout à fait ordinaires, au-delà de toute suspicion. La rumeur leur attribuait des qualités mystiques : on disait qu’ils vénéraient Kali, la déesse de la destruction, et pratiquaient des sacrifices rituels et des mutilations religieuses. Leur réputation était telle que le mot ‘Thug’ devint synonyme en anglais de ‘bandit’.
À travers l’enquête de William Sleeman, et ses efforts pour identifier et éradiquer la menace posée par les Thugs, Mike Dash dresse un portrait plus pragmatique mais non moins fascinant, celui de tribus d’une pauvreté extrême, perfectionnant leur savoir criminel d’une génération à l’autre et s’accaparant l’argent de l’opium introduit par les Britanniques. Avec Sleeman, dont les méthodes font écho à celles des polices et des services de renseignement modernes, le lecteur est invité à découvrir les secrets de l’un des groupes criminels les plus mystérieux et emblématiques de l’histoire.
Avis :
Un livre intéressant sur le fond, mais je n’ai pas apprécié la forme.
Depuis Indiana Jones et le temps maudissent, nous pensons tous connaitre les thugs, cette « secte » de tueur qui fut légendaire en Inde au XIXe siècle. Mais entre le film et la réalité, il y a une très grosse marge. D’ailleurs, le film de Lucas et Spielberg est déjà à mille lieues d’une réalité historique plus complexe. Il faut dire qu’arracher des cœurs avant de passer les jeunes femmes blondes au four est plus attrayant pour le public que mettre en scène des étrangleurs. Étrangleurs dont l’existence même a été contestée (et l’est peut-être encore).
Dans cet ouvrage, l’auteur tente de nous dévoiler qui étaient ces fameux thugs, dont il défend l’existence.
Pour comprendre cette page d’histoire, il faut déjà comprendre la situation de l’Inde à cette époque et surtout la terrible insécurité que représentait un voyage, même d’à peine une centaine de kilomètres. Une fois cela exposé, il faut rajouter la complexité et la diversité culturelle, ethnique, religieuse, etc. du sous-continent indien pour obtenir un résultat. En fait, il n’y a pas de « thug », mais des « Thugs ». Oubliez l’uniformité d’une secte, oubliez les croyances en Kali (les thugs sont souvent des musulmans).
J’avoue que j’ai beaucoup aimé cette enquête, car elle ne se limite pas à l’histoire des thugs, puisqu’elle aborde aussi l’histoire de la compagnie des Indes (forcements) ainsi que tout plein de petits points qui sont essentiels pour saisir cette étrange réalité qui fut très déformée au fil du temps (surtout pour les Anglais pour se donner du prestige).
Cependant, j’avoue que la manière de présenter l’ensemble m’a parfois un peu gêné. En effet, je n’ai pas eu l’impression d’avoir à faire à un véritable essai, car le livre est parfois très narratif. Les limites entre la fiction et l’essai ne sont pas toujours claires.
De plus, je trouve que l’auteur se répète souvent dans ses idées en citant souvent trop d’exemples. L’effet de redondance est pénible.
Et je ne parle même pas de toutes les notes qui sont en fin de livre ! Cela rend la lecture très pénible, car il faut sans arrêt effectuer des allées retours !
Voilà pour ce livre très intéressant, mais dont la forme n’est pas très agréable.