« Enfer Clos » est un roman de Claude Ecken.
Synopsis :
1945.La porte d’une triste masure se referme sur une fratrie marquée par le malheur et la honte. Bernadette et Suzie ont été tondues pour avoir couché avec l’occupant. Tondues et violées sur la place du village… Putains ! Putains ! Guillaume, le plus jeune, muré dans sa terreur, parle si peu qu’aux yeux de tous il n’est qu’un attardé doublé d’un déserteur. Quant à l’aîné, Clément,il a beau se poser en héros, on devine sous la patine du mensonge une vérité aux couleurs plus troubles…Et c’est lui, Clément, violent et paranoïaque, qui prend la décision de cloîtrer son petit monde derrière les volets de cette cabane insalubre. Car il faut se protéger des autres, de l’extérieur, de ceux qui ne crient qu’un seul mot en cette période exultante de l’après-guerre : vengeance ! Ainsi débutent quarante années d’un enfermement total, quarante années pour libérer le monstre qui sommeille en chacun, quarante années d’enfer clos…Enfer clos, livre coup de poing s’il en est, roman d’une maîtrise psychologique époustouflante inspiré d’un fait divers inconcevable, démonte avec lucidité les mécanismes du vernis social sous lequel gronde la bestialité. Terrifiant.
Avis :
Un livre horrible, mais à la fois si « humain ».
Oui, humain, ce qui est paradoxal quand le livre parle de monstre. Parce que personnellement, je ne pense pas que le « monstre humain » existe. Il n’y a que l’Homme pousser dans les extrémités de ses « capacités ».
Mais bref, cette chronique n’est pas là pour faire un cours de philo.
J’ai beaucoup aimé ce livre malgré un sujet très dur. L’auteur nous propose ici un récit de la misère humaine dans tout ce qu’elle peut avoir de pire. Parce que oui, ici c’est bien la misère qui entraine les personnages dans l’horreur. Misère affective, misère morale, misère sociale, misère familiale…
Parce que l’horreur de l’enfermement n’est que la fin d’une horreur qui commença bien plus tôt pour chacun des personnages. Se retrouver ainsi séquestré ne va que pousser les uns et les autres à vomir les haines, les rancœurs et la souffrance qui les a déjà consumées.
L’auteur narre ce monde de misère et d’horreur avec une plume assez simple, mais tellement juste. Il ne se perd pas en métaphore ou autres figures de style. Il dit les choses de manière normale : cela rend le récit encore plus terrible. L’ambiance malsaine et violente est alors bien plus prenante que s’il avait cherché, par sa plume, à rendre les choses glauques.
On m’avait mis en garde. Ce livre n’est pas pour tout le monde. Eh oui, je confirme. Cependant, l’aspect horreur/misère sociale de l’ouvrage ne m’a pas aussi choqué ou surpris. En effet, ma grand-mère m’avait raconté des histoires vaguement similaires (peut-être moins immonde, j’en conviens) sur des gens qui se cloitraient chez eux durant ou après la guerre. Non pas que le roman soit une histoire « vraie » dans toute sa trame, mais il a probablement été inspiré des faits réels.
Un livre que j’ai apprécié, car il met en scène l’horreur et la misère de l’humain, l’entrainant dans tout ce qu’il y a de plus horrible et malsain. La folie n’est pas loin : les quatre personnages ne souffrent pas de maladie mentale, c’est la dure réalité, sordide, de la vie qui les finalement poussé dans leurs limites.
Un ouvrage que je déconseille aux plus sensibles. Il convient uniquement à des lecteur.trice.s averti.e.s et qui ont le cœur assez accrocher pour supporter cette terrible histoire.