— Comment ça t’as pas la clé ?
— J’ai pas la clé ! Y a quel mot que tu ne comprends pas ?
La jeune fille se retient de se taper la tête contre les épaisses pierres froides de la tour. Son camarade bougonne, se détourne et sort son téléphone portable comme un réflexe pour calmer sa nervosité.
Son amie enrage à la vue de l’appareil aussi inutile ici qu’une glace au pôle Sud. De colère, elle attrape l’engin qu’elle fracasse sur la clenche de la porte. Le Smartphone vole en éclat. La poignée se brise, la serrure saute et le battant s’ouvre.
— Je savais bien que cette merde nous servirait un jour ou l’autre, déclare-t-elle, triomphante, devant le visage larmoyant du garçon.
— Mon iphone…
(tirage du 30/04/2017)
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L’autrice se saisit d’une bulle de dialogue, la glisse comme une clé dans la serrure de son imagination et laisse déferler les mots.
(tirage du 07/05/2017)
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Après plusieurs jours d’errance en mer, le navire aborde enfin la terre bénie que les marins n’espéreraient plus. Affamés, ils se ruent sur les arbres fruitiers dont les branches croulent sous l’abondance.
Dans cette étrange forêt, entre les hommes qui s’empiffrent, rampent d’étranges tortues couleur soleil de la taille d’une grosse pastèque. Le Coq s’empare de l’une d’elles : elle fera un très bon ragout. Entre ses grosses mains sèches, l’animal s’agite et couine. Se débattant de toutes ses forces, le chélonien crache un jet de flamme qui brule le visage du marin.
L’homme la lâche en hurlant, alors que la tortue continue de vomir du vent brulant de son bec.
Le sol se met à trembler, l’île à bouger. Les marins se précipitent, les bras chargés de fruits vers leur navire. Hélas, celui-ci flotte déjà au large.
À la nuit tombée, sous le dernier croissant de lune, il ne reste rien à la surface de la mer. Il n’y a que le chant d’une baleine.
(tirage 14/05/2017)