« Grande Siècle, T.01 : L’académie de l’éther » est un roman de Johan Heliot.
Synopsis :
L’ambitieux lieutenant de frégate Baptiste Rochet présente au jeune Louis XIV une étrange météorite sphérique, rapportée de son dernier périple en mer. Médusé, le mathématicien et penseur Blaise Pascal y trouve alors une terrifiante source d’inspiration. Ses découvertes bouleverseront à tout jamais le destin du Roi-Soleil et de son royaume, ainsi que les vies d’une fratrie tentant d’échapper à la misère et impliquée bien malgré elle dans les drames à venir.
Nobles comploteurs, inventions géniales de Pascal, imprimeurs libellistes, malfrats sans pitié de la cour des Miracles et mousquetaires désenchantés peuplent le théâtre d’un monde sur le point de basculer dans un Grand Siècle futuriste, entre ombre et lumière, entre la terre et les étoiles.
Avis :
Pour débuter, je voudrais remercier les Éditions Mnémos pour ce SP.
Un roman que j’ai mangé en deux jours sans même m’en rendre compte !
Et si Louis XIV ouvrait la voie à la conquête spatiale ? Voilà une uchronie bien sympathique qui titillait ma curiosité. Surtout que voir le Roi Soleil aller vers les étoiles, c’est assez logique.
Comme je l’ai dit en phrase d’accroche, le roman se lit très bien. Une fois que j’ai été dedans, j’ai enchainé les pages sans même m’en apercevoir. L’écriture est fluide, dynamique. Le livre assez bien rythmé où l’on suit pas mal de personnages, de manière directe ou indirecte.
Comme toujours, le livre est truffé de petites références ici et là. Je ne suis pas sûre de les avoir toutes repérées, ma culture littéraire reste encore très limitée (mais je me soigne).
J’ai particulièrement aimé que l’auteur ait mis en avant la presse et l’imprimerie à cette époque. En effet, et à ma connaissance, peu de récits uchorniques ou de fantasy historique (pour le règne de Louis croix bâton v) ont mis en scène ce milieu. Il y a peu de temps, en lisant une biographie de Louis XIII où la presse est évoquée, je me suis dit que c’était un pan peu exploité. J’aimerai dire que les grands esprits se rencontrent, mais je ne suis pas encore un « grand esprit ». J’ai d’autant plus apprécié cet aspect que c’est une femme qui l’anime.
Héliot ne se limite pas à mettre en scène les Puissants. Toute une partie du livre est orientée vers une famille pauvre fuyant les campagnes ravagées. Par le destin des filles et garçons de cette fratrie, dont l’aîné porte avec courage le destin de ses cadets du haut de son âge d’homme, soit 16 ans, on découvre aussi une autre France. J’ai apprécié que l’auteur oriente aussi son récit vers les petites gens, souvent oubliés aux profits des Grands. On découvre ainsi d’autres facettes de Paris et de la vie des gens humbles.
La prise de pouvoir par Louis XIV. Bien que je n’ai pas vu le film de Rossellini (erreur que je vais devoir corriger), c’est la phrase qui m’est venue en tête pour qualifier une autre part du récit. En effet, Héliot met en scène de manière subtile et brillante la prise de pouvoir du jeune roi. Pas à pas, l’auteur nous montre comment le monarque va prendre le dessus sur son entourage (Mazarin) et comment ses ambitions vont le mener à lancer un vaste programme de conquête spatiale.
En relisant ma chronique, je m’aperçois que je ne parle pas de Blaise Pascal, qui est pourtant l’un des protagonistes de cette histoire. Sur ce point, je dois bien avouer ma presque totale ignorance sur ce personnage. Outre le fait que Pascal était un philosophe et qu’on lui doit « il faut parier l’existence de Dieu », je ne connaissais rien à cet homme. Chose réparer car je me suis rapidement renseigné. Ceci dit, m’étant inconnu, il m’est presque apparu comme un personnage « inventé », assez proche d’Étienne par exemple. L’auteur n’est pas en cause dans l’affaire. Par ailleurs, j’ai trouvé qu’il était judicieux que l’homme de science soit plus mis en avant que le philosophe.
Le livre nous présente le point de rupture de l’uchronie. J’ai trouvé ça très sympathique. De mes lectures, la rupture a déjà eu lieu et le lecteur évolue dans un monde déjà modifié, comme dans La lune seule le sait pour rester avec le même auteur. Quand le livre s’achève, je me suis sentie frustrée, car tout le potentiel de l’uchronie reste à venir.
Peut-être quelques défauts. Déjà, la structure narrative est très proche de celle de La lune seule le sait, mais l’auteur assume très bien ce principe. J’ai eu la chance d’en parler avec lui aux Imaginales.
Ensuite, j’aurai souhaité plus de personnages féminins. Ceci dit, celles présentes sont bien. De plus, Héliot n’a jamais un mot de travers contre les femmes et/ou la féminité. Je ne ressens donc pas de « malaise » comme parfois dans des livres avec peu de femmes où des remarques sexistes égrainent le livre. Mais il est dommage que la gent féminine ne soit pas plus exploitée. Je ne suis pas experte, ce n’est pas ma période de prédilection, mais certaines ont pu jouer des rôles importants à plusieurs niveaux.
Quoi qu’il en soit, ces défauts ne gênent absolument pas la lecture.
Dernier reproche et pas des moindres : il va falloir attendre 2018 pour la suite ! sniff !
Vous l’aurez compris, c’est un roman que j’ai beaucoup apprécié. Il renferme de très nombreuses qualités et propose le début d’une uchronie passionnante.
À découvrir.