« Sénéchal » est un roman (et même un premier tome) de Grégory Da Rosa.
Synopsis :
« Sénéchal, la ville est assiégée ! »
Telle est la phrase que l’on m’a jetée sur le coin de la goule. Depuis, tout part à vau-l’eau. Oui, tout, alors que ce siège pourrait se dérouler selon les lois de la guerre, selon la noblesse de nos rangs, selon la piété de nos âmes. Nenni.
Lysimaque, la Ville aux Fleurs, fière capitale du royaume de Méronne, est encerclée et menacée par une mystérieuse armée. Et pour le sénéchal Philippe Gardeval, ce n’est que le début des ennuis. Suite à l’empoisonnement d’un dignitaire de la cité, il découvre que l’ennemi est déjà infiltré au sein de la cour, dans leurs propres rangs ! Sous quels traits se cache le félon ? Parmi les puissants, les ambitieux et les adversaires politiques ne manquent pas ; le sénéchal devra alors faire preuve d’ingéniosité pour défendre la ville et sa vie dans ce contexte étouffant d’intrigues de palais.
Avis :
Un sacré bon premier roman !
J’avoue que ce livre est une excellente surprise ! Je l’ai dévoré en numérique, ce qui n’est pas courant dans les habitudes de lectures pour tout dire. Et en plus, c’est un premier roman pour ce jeune auteur ! Dans les dents ! Ca balance du lourd. J’avoue que j’ai hâte de découvrir la suite de ce roman (car oui, c’est un premier tome) et les autres romans qu’il pourra nous proposer.
Je pense que la première force de ce livre, c’est son écriture. L’auteur nous propose une plume très médiévale avec une recherche très poussée pour nous offrir un vocabulaire très immersif. Une remarque cependant : dans la version numérique, les notes de bas de page sont à la fin des chapitres, ce qui est parfois pénible pour être sûr du sens du mot. Perso, je suis souvent parvenu à en déduire la signification, mais j’ai une petite culture en Moyen-Age. Bref… mais l’auteur n’est pas responsable de ce problème.
La seconde chose qui est très prenante, c’est le choix de l’auteur de fixer notre regard uniquement sur le Sénéchal Gardeval. Du coup, toute l’histoire a quelque chose d’obtus, car tout passe par lui. Du coup, toutes les informations que l’on reçoit passent par le prisme de son regard. Et du coup, on se demande parfois si ce qu’il voit est « la réalité » ou son « interprétation ». Je pense que les tomes suivants nous montreront plus de choses.
Cependant, ce choix de point de vue entraine aussi quelques soucis, et ce principalement dans la découverte de l’univers. En effet, je pensais que le monde était médiéval – pas de soucis à ce niveau-là —, mais certains éléments sont mal amenés et tombent un peu comme un cheveu sur la soupe. Toutes les créatures liées au monde religieux ne posent pas de soucis, mais c’est tout ce qui relève plus de la « fantasy » qui perturbe un peu.
Outre cela, l’auteur propose un univers bien construit avec une vraie recherche de cosmogonie.
Les personnages sont bien construits. Mais comme toujours, par le point de vue de Gardeval, on se demande toujours si ce que l’on apprend est une réalité ou une interprétation. Cela donne d’ailleurs une scène que j’ai adorée où le sénéchal s’oppose au chambellan. Génial.
Malgré toutes les qualités, il y a quand même quelques défauts, dont un de taille.
Un premier reproche vient du rythme qui est un peu trop saccadé. Calme, grosse scène dynamique, calme, grosse scène dynamique. C’est un peu dommage. Mais pour un premier roman et au vu de toutes les autres qualités, c’est presque un moindre mal.
Non, là où j’ai vraiment eu du mal, c’est avec les personnages féminins. Déjà, il y en a peu. Ensuite, on ne peut pas dire qu’il n’y en a qu’une qui trouve grâce aux yeux de Gardeval, c’est la jeune et jolie princesse qui ressemble tellement à sa maman. Pour le reste, ce sont des truies, des garces, des putes… Sans oublier toutes les comparaisons de la ville avec une prostituée. J’avoue que cela m’a beaucoup gênée, car tout ce qui touche au féminin est montré de manière négative. Certes, on voit beaucoup de choses du point de vue de Gardeval, mais aucun autre personnage par du dialogue ne permet de contrebalancer cela.
Et j’avoue que l’excuse du monde médiéval ne me permet pas d’accepter ce type de traitement. Le Moyen-Age n’était certes pas « féministe », mais il n’est pas toujours aussi miso qu’on veut bien le dire.
J’ai espoir que les choses évoluent dans les tomes suivant, car la belle et jeune princesse me parait avoir du potentiel intéressant.
Soyons honnêtes, ce dernier point m’a tellement contrarié que le coup de cœur passe au nez et à la barbe de ce livre.
C’est bien dommage, car c’est un excellent roman avec une plume travaillée et recherchée.
Je le conseille vivement malgré tout, car c’est une vraie découverte pour moi et j’y ai quand même pris beaucoup de plaisir.