« Invanhoé » (« Invanhoe » en VO) est un film de Richard Thorpe avec Richard Taylor, Elizabeth Taylor, Joan Fontaine.
Synopsis :
Parti combattre en Terre Sainte, le roi d’Angleterre, Richard Cœur de Lion, disparaît mystérieusement. Son fidèle chevalier, Ivanhoé, part alors à sa recherche et retrouve sa trace en Autriche où le souverain est retenu captif par le redoutable duc Léopold. Aidé par son allié, Robin des Bois, le courageux cavalier va tout mettre en œuvre pour libérer son roi.
Avis :
Ahhh, Invanhoé !
J’adore les vieux films de ce genre ! Je ne m’en lasserai jamais !
Une de chose que j’aime dans les films de ce type et de cette époque, c’est l’aspect super bariolé ! Ca pète de couleur plus ou moins flashi, même si parfois, faut bien l’avouer, ça pique les yeux. Je n’ai rien contre les films de chevalier actuel (j’aime bien aussi), mais leur univers sombre, sans couleurs et glauque commence sérieusement à me lasser…
J’adore aussi les combats à l’épée. Ils sont kitch, assez mal chorégraphiés, mais ça leur donne un certain charme. De plus, c’est plutôt plaisant de voir des affrontements à taille humaine : du trois contre trois et pas du trois contre cinquante ; des grandes batailles où les archers tirent mal… Bref, ce genre de chose.
J’aime les films d’aventure et de chevalier. Comment donc critiqué Ivanhoé, droit dans ses bottes, loyal et valeureux, qui lutte pour sauver le roi Richard ? Qui risque sa vie pour son père et ses amis ? Pour aider les juifs ? Pour sauver Rebecca ?
L’intrigue est assez classique dans son genre, mais les éléments scénaristiques sont bien agencés. Le côté romantique/romance avec lady Rowena et Rebécca est bien intégré à l’ensemble. On n’a pas l’impression d’aparté dans l’histoire générale. D’ailleurs, on ne tombe dans la mièvrerie baveuse à deux balles, mais il faut bien reconnaitre qu’il y a des scènes « de romance (?) » assez ridicule, mais qui sont liées à l’évolution du cinéma.
Il y a de l’action, des moments plus calmes, des tournois. Bref, on ne s’ennuie jamais ! Il y a même de l’humour !
Ce que j’aime dans ce film, c’est que le réalisateur ne nous offre pas un simple divertissement. Il y a aussi des messages. Les Saxons et les normands s’opposent dans la reconnaissance des monarques : Richard-cœur-de-lion ou Jean-sans-Terre. L’une des parties représente le repli communautaire sur soi, il n’y a que leur « groupe » qui mérite de l’intérêt, il faut écraser les autres, les infidèles (on est sur fond de retour des croisades). De l’autre, il y a ceux qui sont ouverts aux autres communautés : acceptation d’une autre communauté (juive pour le coup), acceptation même de leurs ennemis. Richard incarne très bien ce regroupement à la fin du film.
Des messages qui peuvent paraitre enfantins et simplistes, mais qui ont au moins le mérite d’exister !
Sans se vouloir un film « historiques », le réalisateur met en scène des éléments historique qui donne de la profondeur à l’histoire, surtout avec la présence de la communauté juive (même si, il faut bien avouer, on retrouve des idées de stéréotypes sur les juifs : ils ont de l’argent). C’est une chose que l’on ne retrouve plus dans les films actuels.
Les personnages ? Ivanhoé est l’archétype (ou le stéréotype ?) du chevalier digne dont on aime bien se moquer aujourd’hui. C’est sûr qu’être fidèle, honnête, valeureux et droit dans ses bottes est un ensemble de valeur risible… Le personnage n’est pourtant pas lisse. Ivanhoé n’est pas non plus tout puissant ! Il se fait latter alors d’un tournoi, il est victime ses valeurs, il manque de perdre face à un adversaire (le dénouement tient à peu de chose).
J’apprécie aussi beaucoup les « méchants » : ce ne sont pas « des grands méchants qui aiment faire le mal parce que c’est fun », mais ils défendent des idéaux (qui ne sont pas les nôtres) aussi ardemment qu’Ivanhoé défend les siennes. Bref, ils ne sont pas manichéens.
Parlons des deux personnages féminins. Je ne sais pas pourquoi, mais dans ce type de film, il se dégage une certaine prestance des femmes, même si elles ne tiennent qu’un rôle secondaire et passif (rappelons-nous à quelle époque est faite ce type de production). Mais elles sont tout de même une vraie force, une dignité qu’on ne retrouve plus dans les personnages féminins actuels (la dernière femme dans ce genre que je me souviens d’avoir vu, c’est Aliénor d’Aquitaine dans le Robin des Bois de Scott). Pas de mièvrerie de leur part, bien que leurs sentiments soient parfois mis à l’épreuve, qu’elles en souffrent. Rowena et Rebecca ne se livrent pas à des joutes de harpies « c’est mon homme à moi » malgré la jalousie. Il faut dire que ces femmes respectent les sentiments de l’autre et surtout ceux d’Ivanhoé. Il n’y a pas de « mais elle est plus belle que moi » ou de « je suis meilleure qu’elle », blablabla… Ivanhoé joue aussi beaucoup dans cette histoire puisqu’il ne s’amuse pas avec les sentiments de l’une et de l’autre. Il aime Rowena. Rebecca est belle, digne et possède probablement autant que qualité que sa rivale. Mais il aime Rowena. Il apprécie Rebecca mais il ne rentre pas dans un débat interne pathético-romantique pour savoir laquelle de ces deux femmes mérite le plus son amour.
Rowena et Rebecca, sans êtres des personnages actifs, n’en reste pas moins complètement passives. Elles tiennent tête dignement à leurs ennemis, elles jouent de leurs bâtons lors d’une attaque (on ne peut pas vraiment dire qu’elles se battent, mais elles n’attendent pas gentiment que leurs hommes les défendent ou que leurs assaillants ne les enlèvent ; et ce ne sont pas des guerrières).
Bien sûr, dire que ces deux femmes sont des personnages féministes, ce serait mentir ! Les rôles et leurs implications dans l’histoire les laissent au second plan. Nous sommes dans les années 50, faut pas déconner non plus ! Pourtant, si les rôles sont ce qu’ils sont, les personnages n’en restent pas moins très plaisants et « puissants ». Je pense franchement que certaines héroïnes actuelles auraient beaucoup de choses à apprendre de ces personnages.
J’adore ce film ! Alors oui, il y aurait beaucoup d’autres choses en redire, probablement en mal. Mais les chevaliers, c’est mon enfance !
Je prends toujours du plaisir à regarder ce genre de film (du même réalisateur, je vous parlerai un samedi des chevaliers de la Table ronde avec oh…encore Robert Taylor). Mais si l’on creuse, on peut aussi en ressortir des choses plus profondes sur certains sujets.
À déguster sans modération, surtout si vous appréciez de type de production !