« Chevauche-Brumes » est un roman de Thibaud Latil-Nicolas.
Synopsis :
Au nord du Bleu–Royaume, la frontière est marquée par une brume noire et impénétrable, haute comme une montagne. De mémoire d’homme, il en a toujours été ainsi. Mais depuis quelques lunes, le brouillard semble se déchirer. Tandis que ce voile enfle et reflue tel un ressac malsain, de violents éclairs strient ses flancs dans de gigantesques spasmes. La nuée enfante alors des créatures immondes qui ravagent les campagnes et menacent d’engloutir le royaume tout entier.
La neuvième compagnie des légions du roy, une troupe de lansquenets aguerris au caractère bien trempé, aspire à un repos bien mérité après une campagne éprouvante. Pourtant, dernier recours d’un pouvoir aux abois, ordre lui est donné de s’opposer à ce fléau. Épaulée par des cavalières émérites et un mystérieux mage chargé d’étudier le phénomène, la troupe s’enfonce dans les terres du nord, vers cette étrange brume revenue à la vie.
Tous, de l’intendant au commandant, pressentent qu’ils se mettent en route pour leur dernier périple. Tous savent que du résultat de leurs actions dépendra le destin du royaume. Entre courage et résignation, camaraderie et terreur, ces femmes et ces hommes abandonnés par le sort, devront consentir à bien des sacrifices face à la terrible menace. En seront-ils capables ? Les légendes naissent du sang versé, de la cendre et de la boue.
Avis :
Un roman qui m’a beaucoup plu !
J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman sombre. Il faut dire que l’ambiance est l’un des points forts de ce récit. Âpre, métallique et fumeuse, sanglante. On s’y croirait tant le narrateur nous plonge avec lui dans les aventures de toute la troupe.
Autre très bon point, des personnages bien campés, très travaillés avec des personnalités poussées. Et tout, une très belle palette de larrons parfois attachants, parfois pénibles ! Mais toujours qui offre des moments intenses et de temps en temps surprenants.
Pour les personnages féminins, j’avoue avoir le cul entre deux choses. Elles sont peu nombreuses, surtout au début. La faute a un univers très masculin (une troupe armée). Mais par la suite, quelques amazones archères (bon, toujours le cliché des femmes archères) viennent s’ajouter à l’aventure. Ces guerrières d’un royaume du Sud qui envoient du pâté n’ont rien à envier aux membres de la troupe. Du coup, je les ai trouvés très bien ! Mais dans l’ensemble, elle reste minoritaire et j’ai trouvé cela un peu dommage. Ceci dit, le roman ouvre sur des perspectives intéressantes à ce niveau-là.
Par ailleurs, l’évolution des regards des hommes sur ces combattantes est aussi très intéressante ! Parce que malgré leurs aprioris, ils reconnaissent leurs compétences des guerrières et ils finissent par les respecter comme tels.
Pour ce qui est de l’intrigue… pas facile d’en dire beaucoup de chose sans spoiler (il faut dire que je suis la reine de ce type d’accident). Mais c’est assez bien mené. Un des nœuds de l’histoire est cependant assez facile à deviner. C’est trop facile, comme dirait Vador. Du coup, à un moment précis, on se doute qu’il va y avoir une couille dans le pâté.
J’ai aussi beaucoup aimé la plume de l’auteur qui est franche et directe. Il ne s’étale pas forcément. Sans entrer dans de longue description, il parvient malgré tout à nous plonger dans l’ambiance.
Un petit défaut cependant lié au style de l’auteur. Dans sa manière concise de dire les choses, on se doute vite que tout ce qui est dit va être « utile » à un moment de l’histoire. C’est le fameux fusil de Tchekhov. Du coup, on sait vite que telle information sur tel personnage va servir pour la suite. Et c’est dommage.
Mauvais point : les animaux meurent. Non, je déconne, ce n’est pas un mauvais point. Ça fend toujours le cœur, mais cela apporte de l’émotion. Cela ne fait jamais plaisir à lire, mais cela apporte du réalisme à l’ensemble.
Malgré quelques petites remarques négatives (en encore, ces points négatifs, c’est bien pour chercher la petite bête), l’auteur nous propose un très chouette premier roman. J’espère que l’univers sera développé et que nous aurons le droit à d’autres récits.
À découvrir sans hésitation !