Je me suis inscrite au Mooc d’Ecriture Créative organisé par Cecile Duquenne sur YT.
Le but est donc d’écrire trois anecdotes dont l’une est fausse. Voilà donc les trois histoires, à vous de trouver la fausse ! N’hésitez pas à donner votre réponse en commentaire ! Et en expliquant votre choix, ce serait encore mieux !
Bonne lecture !
1) J’habitais en Guyane française durant mon collège. En 4e ou 3e, ma classe est partie en voyage scolaire sur le fleuve. Nous avons logé dans un centre d’accueil en forêt. Nous dormions dans des hamacs sous des carbets. Un jour, nous avons fait une randonnée pour aller nous baigner dans un saut. Pour celles et ceux qui le désiraient, nous pouvions dormir sur place. Ce que j’ai fait.
De retour à Cayenne, j’ai commencé à avoir la tête qui gratte. Comme j’avais toujours été une tête à poux, j’ai pris peur. Mais je n’ai rien dit à ma mère, car ces petites bêtes sont toujours assimilées à un défaut d’hygiène. Très vite, les démangeaisons se sont concentrées sur une seule partie de ma tête. Une douleur a remplacé l’irritation. À force de gratter, une croute fit son apparition à l’arrière de mon crâne, là où j’avais mal. Quand je me suis retrouvée avec du sang sur les doigts, j’ai prévenu ma mère et lui ai montré la plaie : un petit trou sur un furoncle. Quelques mois auparavant, mon grand-père avait découvert un ver « macaque » dans son coude. Comme elle ne voyait rien de particulier, elle décida de m’emmener chez notre médecin traitant. Manque de chance, notre doctoresse était en congé et la remplaçante arrivait tout juste de la métropole et ne connaissait pas grand-chose aux parasites locaux. Elle ne trouva rien. Cependant, elle me prescrit des antibiotiques et un pansement à renouveler deux fois par jour.
Mais le temps filait, la plaie persistait et les douleurs augmentaient. Et puis un soir, ma mère le vit ! Le petit salopiot de vers pointa le bout de son nez ! Elle rappela le médecin pour savoir quoi faire. Je me suis retrouvée avec une couche de 2 centimètres de compresses imbibés d’alcool sur la tête pour une nuit entière pour étouffer le parasite. Au petit matin, ma mère le loupa une première fois. Rebelote du pansement. Et cette fois, maman réussit à attraper le ver. Et il n’était pas petit !
Depuis cette mésaventure, j’ai une partie du crâne légèrement enfoncé là où le parasite avait élu domicile.
2) Personne n’aime aller chez le dentiste. Moi, peut-être plus que d’autres. Il faut savoir plusieurs choses à mon sujet. J’ai une mâchoire trop petite pour contenir toutes mes dents. Ensuite, mes gencives sont blindées : elles ne sont pas sensibles aux anesthésies. Pour les endormir, il faut au moins deux fois et demie la dose normale de sédation. C’est pour ça que je ne me suis toujours pas fait arracher les dents de sagesse.
Enfant, l’orthodontiste m’a prescrit l’arrachage de mes deux canines de lait, celles de la mâchoire supérieure, car ces dernières ne poussaient pas au bon endroit. Ma mère m’emmena donc chez un dentiste spécialiste des enfants pour les faire enlever. Sauf que le médecin était congé et c’était un tout jeune remplaçant. Comme n’importe quel gamin, je n’avais pas envie d’y aller – j’aimais bien mes crocs de vampires. C’est à reculons que je me suis installée, que j’ai laissé le dentiste mettre ses doigts gantés de latex dégueu dans ma bouche pour qu’il puisse voir la situation. Le cauchemar commença. En premier lieu, il me fit avaler une espèce de truc mentholé dégueulasse qui me donna envie de vomir – je déteste la menthe, le réglisse, la chlorophylle, etc.…. Puis il me fit une anesthésie tout aussi immonde. Sauf que voilà, j’avais des gencives de combat et je ne le savais pas. Une pince me saisit une dent. Le dentiste tira. La douleur me fit hurler ! J’ai pleuré ! Je criais que ça faisait mal. Mais ma mère n’intervint pas tout de suite. Le dentiste insistant sur le fait que c’était du chipotage à cause de la peur. La première dent ne voulant pas venir, il passa à la seconde. Sauf que celle-ci refusa de coopérer comme sa consœur. J’ai pleuré, encore et encore, j’ai hurlé, crié… et les canines ne se détachaient pas. Finalement, ma mère a mis un terme à cette torture, car toutes les tentatives du dentiste se soldaient par des échecs.
Le problème, c’est qu’il a bien fallu que j’y retourne une autre fois pour terminer ce qui avait été plus que vaguement commencer. Je me souviens d’avoir hurlé de peur, d’avoir pleuré de désespoir. Je revois le siège où j’ai été martyrisé, du blanc des murs, des odeurs de latex et de menthol… puis d’être ressorti… sans mes dents.
3) Au lycée, en pleine vague Seigneur des Anneaux, une société de vente par correspondance propose de collectionner des figurines en plastiques ou en métal pour un jeu de plateau. Je me suis donc abonnée, car je dessinais beaucoup et que je voulais apprendre à peindre. Et que j’allais avoir un jeu sympa auquel jouer. Mes premiers petits « bons hommes » — des gobelins en réalité – sont arrivés. Mais il a fallu attendre l’envoi suivant pour avoir le kit de peinture. Comme je ne suis pas très douée avec mes mains, le résultat fut particulièrement moche. Lors d’une troisième réception, en plus des archers, j’eus un scalpel pour retirer les petits morceaux de plastiques qui reliaient les figurines sur les plaquettes plastiques. Je ne suis pas du genre à lire les consignes de sécurité.
Un jour, mon bureau était submergé de bordel. Je suis du genre à ranger autrement. J’ai donc commencé à peler mes petits bons hommes avec le scalpel en appui contre ma cuisse. Tout se passait bien, car je faisais attention. Mais comme toujours, plus le temps avance, plus le niveau de concentration baisse. J’avoue que je n’ai pas tout compris. Tout d’un coup, j’ai vu la lame dans mon short. Une petite douleur est apparue dans ma cuisse. Je me souviens être resté quelques instants à regarder le scalpel sans vraiment comprendre ce qui se passait jusqu’à ce qu’une fine auréole sombre apparaisse sur le jean. Reprenant mes esprits, j’ai appelé ma sœur qui faisait je ne sais pas trop quoi dans sa chambre à côté.
— Anaïs, j’ai un problème.
Elle est venue, a vu et s’est tut.
On a appelé ma mère, le scalpel toujours enfoncé dans la cuisse. Je ne voulais pas spécialement le retirer, car j’avais peur que cela se mette à pisser le sang ! Maman est arrivée. Elle a gueulé. Parce que j’avais été inconsciente de faire ça comme ça. Ma sœur est allée chercher des compresses et du désinfectant. Quand elle est revenue, j’ai extrait la lame, j’ai vite baissé mon short et une compresse est venue se poser sur la plaie. À la surprise générale, la blessure n’a pas beaucoup saigné. Même pas un point de suture, car je ne suis pas allée aux urgences pour si ne peut.
J’ai gardé mon short troué pendant des années – jusqu’à ce que je ne rentre plus dedans – et une toute petite cicatrice sur le haut de la cuisse.
L’anecdote fausse est :
*
*
*
*
*
*
C’est la troisième ! Pourtant, elle est vraie : c’est à ma soeur que cette histoire est arrivée. Mais pas à moi. Et je vous jure que les deux autres sont vraies !