« La femme des origines – Images de la femme dans la préhistoire occidentale » est un essai de Claudine Cohen.
Présentation :
L’homme préhistorique était aussi une femme : cette évidence n’avait guère effleuré les premiers préhistoriens, et la question de la place et du rôle de la femme est longtemps restée marginale dans les enquêtes sur la préhistoire. C’est l' » homme préhistorique « , artisan, chasseur, artiste, conquérant, qui a surtout alimenté les débats scientifiques. La femme, elle, fut souvent considérée comme tristement passive et reproductrice, et livrée aux fantasmes, aux mythes inspirés de la Bible, ou aux lieux communs colportés depuis le 19e siècle. Aujourd’hui, la célébrité de « Lucy » et de l' » Eve africaine » témoignent d’un intérêt nouveau pour l’existence des femmes depuis les époques recalées du Paléolithique. Il est temps, en effet, de s’intéresser à cet acteur essentiel du monde de nos origines, et de donner une visibilité à cette moitié de l’humanité prétendument » invisible » aux archéologues. Cet ouvrage interroge de façon critique l’histoire des idées et des preuves – en particulier celles tirées des somptueuses représentations de femmes dans l’art préhistorique – pour tenter de dessiner une image plus vivante et plus vraie de nos lointaines ancêtres.
Avis :
Un livre très intéressant !
Parce que oui, chez les Hommes préhistoriques, il y avait aussi des femmes… jusqu’à preuve du contraire, nos ancêtres mâles ne se reproduisaient pas par parthénogenèse. Seulement, le mot « Homme » cache la moitié de l’humanité. Bref.
Dans son essai, Claudine Cohen n’essaie pas de nous présenter la femme préhistorique au travers des objets ou des représentations féminines qui pullulent lors des temps préhistoriques. Elle donne à voir comment nous nous sommes perçu ces personnages au fils du temps depuis les débuts des sciences préhistoriques jusqu’à aujourd’hui, en passant par les divers courants de recherches et politiques du siècle passé.
Et c’est là que l’ouvrage est bien conçu puisqu’il nous montre comment la vision de la femme préhistorique est calquée sur notre vision moderne de la femme, mais aussi de la société. Au XIXe siècle, ces pauvres créatures sont juste bonnes à être enlevées, violées et faire des enfants (coucou Rosny Aîné) : heureusement que l’ère moderne n’est plus aussi sauvage et que le Grand Chasseur moderne sait protéger cette pauvre petite chose (surtout que l’Homme moderne n’est plus un sauvage) !
L’ouvrage retrace donc les grandes idées sur la condition et le rôle des Femmes : Lucy et Ève, le matriarcat originel, etc.… Avec les découvertes archéologiques et les évolutions politiques qui ont permis de nouveaux axes de recherches et qui ont ainsi fait évoluer la science.
Un ouvrage très riche et intéressant qui fait aussi bien découvrir les temps préhistoriques que les temps présents, sans oublier une belle histoire de la recherche et de la pensée préhistorique.
C’est un livre que je ne peux que chaudement recommander !