« Blanche » est le premier tome d’une série jeunesse d’Hervé Jubert.
Synopsis :
- Paris est assiégé par les Prussiens. Blanche, 17 ans, et sa famille tentent de fuir la capitale mais la jeune fille rate le train. Elle rejoint alors son oncle Gaston Loiseau, commissaire de police. Passionnée par l’investigation, la chimie et la logique, elle assiste le commissaire confronté à une étrange affaire. Des hommes meurent, porteurs d’un étrange tatouage. Tandis que les obus pleuvent et que l’ennemi se rapproche, Blanche décide de se lancer à l’assaut d’une vérité qui se dérobe sans cesse?
Avis :
Un roman qui m’a beaucoup plu !
Dans ce roman jeunesse, une jeune héroïne pleine d’astuce et de savoir mène une enquête parallèle à celle de son oncle policier sur une série de meurtres où les corps finissent en petit tas informe et gélatineux. Et pour corser le tout, nous sommes en 1870 et les Prussiens assiègent la capitale après la défaite de Sedan.
J’ai apprécié ce livre qui propose une intrigue très originale à la fois ésotérique et à la limite du fantastique. Les meurtres sont construits avec soin et les énigmes se distillent comme il faut : je ne me suis jamais senti frustrée par soit le manque d’information, ne soit pas le surplus de données qui cassent l’intrigue.
La fin est peut-être « un peu simple » d’un certain point de vue (qui appelle à la suite), mais qui a le mérite de ne pas sombrer dans un manichéisme ou dans une forme de dualité du monde.
Cette fin, d’ailleurs, permet de réfléchir sur les notions de justice, de monstres ou encore sur la vengeance. J’ai vraiment apprécié cette fin malgré cet aspect un peu « simple ».
Je crois que l’un des points forts de cet ouvrage, c’est l’érudition de son auteur. En effet, on sent très bien qu’il sait de quoi il parle, mais il n’étale pas son avoir pour autant. Les éléments historiques sont distillés en fonction des événements, des rencontres ou des situations. À aucun moment, on ne se sent écrasé par cette somme de savoir. Et pour un livre jeunesse, c’est une très bonne chose : le jeune lecteur, même s’il ne connait pas la référence, ne sera pas perdu ou accablé d’information inutile.
Je ne peux qu’attribuer un très gros bon point pour Blanche, la jeune héroïne de ce roman. Elle est vive, curieuse, indépendante et elle apprécie apprendre ! Mais à aucun moment, elle n’apparait comme « un garçon manqué » (genre : si elle est brillante, c’est parce qu’elle aurait dû être homme) ni comme une greluche. C’est une héroïne comme on aimerait bien en voir plus souvent. Elle est d’autant plus appréciable qu’on laisse souvent entendre que la chimie et les sciences dures ne sont pas recommandées pour les demoiselles. D’ailleurs, l’auteur montre bien qu’à l’époque de Blanche, l’accès à certains savoirs était déjà difficile.
Par ailleurs, les autres personnages féminins sont très bien construits. Je pense à Émilienne, qui tout en restant heureuse de plaire et de séduire, sait aussi prendre des décisions, se montre volontaire et n’hésite pas à assister Blanche dans son entreprise. On sent aussi que cette fille de concierge recherche une forme d’émancipation en fréquentant les clubs (communards).
J’avoue que de tels personnages féminins écrits par un homme, ça fait super plaisir !
Le roman se lit tout seul. L’écriture est très fluide tout en ayant un certain dynamisme qui permet d’entrer directement dans le livre ou dans le nouveau chapitre.
Un roman jeunesse que j’ai vraiment apprécié et dont je recommande la lecture pour les amateurs de récit policier historique.
J’espère avoir l’occasion de lire la suite rapidement : la série se compose de trois tomes.