« Histoire d’une jeune fille sauvage trouvée dans les bois à l’âge de dix ans » est un texte publié par Madame H…t à Paris en 1755 ; texte attribué à Charles-Marie de la Condamine. Le texte est suivi par des documents annexes et présentés par Frank Tinland.
Présentation :
Enumérant les races humaines, en tête de son Système de la Nature, C. Linné citait, à côté de l’homme américain, européen, asiatique et africain, l’homme sauvage.
Il éprouvait ainsi le besoin de marquer le caractère insolite de ces malheureux qui furent découverts après plusieurs années d’existence solitaire, et pour ainsi dire animale. Il en dresse la liste.
Celle-ci fait mentoin d’une « fille de Champagne », dont l’histoire nous est ici rapporté. Si ce récit présente quelques invraisemblances, il n’en demeure par moins, aujourd’hui encore, un document de premier ordre pour l’anthropologie contemporaine et pour l’étude de la pensée française au XVIIIe siècle, préocupée par l’état naturel de l’homme aussi bien que par les variations et les limites de la nature humaine.
Ce texte n’a pas été réédité depuis 1761 et se trouve ici suivi de quelques extraits d’ouvrages devenus à peu près introuvables.
Avis :
Un petit livre intéressant, mais qui n’est pas à mettre dans les mains de tout le monde.
Le thème des enfants sauvages me passionne depuis le lycée (où le prof de philo avait fait un court dessus). J’aime lire les livres sur ce sujet.
Pour celui-là, c’est l’histoire d’une jeune fille trouvée dans la campagne champenoise vers 1731. Comme beaucoup de cas à cette époque, on ne saura jamais rien de son passé, de ce qui l’a conduite à cette vie.
Ceci dit, elle parle. Aussi étrange que cela puisse paraitre, peu d’enfants sauvages sont parvenus à obtenir le langage (la parole) : Victor de l’Aveyron ne parlera jamais par exemple. Or, elle, Marie-Angélique parlera et même plutôt bien.
Comme beaucoup d’enfants sauvages, elle sera le sujet d’une certaine attention avant d’être laissé dans l’oubli et de mourir dans l’indifférence (elle était chrétienne, son âme est sauve, c’est l’essentiel).
Dans ce livre, le texte principal (d’auteur incertain bien qu’attribué à de la Condamine) nous raconte la vie de cette jeune fille à partir du moment où elle est « capturée » et pose plusieurs hypothèses sur sa possible origine (une Antillaise ? Une Inuite ?)
La préface du livre est un peu longue et parfois un peu barbante, mais elle permet d’évoquer rapidement les autres cas d’enfants sauvages, l’idée qu’on pouvait se faire de « l’état de Nature » à cette époque (bref, la manière de pensée de cette époque) ainsi que les débats philosophiques.
L’ensemble est accompagné de nombreuses annexes, soit des documents sur le cas de Marie-Angélique, soit sur d’autres cas d’enfants sauvages ou des textes (extraits) pour nous permettre de mieux comprendre les mentalités de l’époque.
La lecture de cet ouvrage est quand même assez fastidieuse, car il y a beaucoup de concept philosophique pas toujours facile à saisir ; certains textes sont en Français anciens (estoit, païs) et il arrive que l’on bute sur certains mots au premier regard.
Malgré ces quelques difficultés, j’ai été captivé par cet ouvrage.
Ce livre est intéressant pour les personnes, comme moi, qui apprécie ce sujet. Mais je ne pense pas que sa lecture convient au reste du lectorat. À ne donc pas mettre dans toutes les mains.