Comme vous le savez, je lis beaucoup.
Je fais aussi partie du comité de lecture de deux petites maisons d’édition. J’ai donc l’occasion de lire de nombreux manuscrits envoyés pas des auteurs en tout genre. De toutes mes lectures – manuscrits comme romans d’ailleurs – j’ai pu remarquer certains éléments récurant. Il y a certains de ces éléments qui me gonflent (par rapport à mes gouts perso), mais il y en a aussi que je ne peux plus voir, car on les retrouve tellement souvent que je n’en peux plus !
Je vous propose donc un petit Top des choses que je ne peux (veux) plus voir dans des manuscrits.
Je tiens à signaler que ces éléments ne déterminent pas forcément la qualité du roman. Un très bon livre peut en contenir quelques-uns.
De plus, m’essayant aussi à l’écriture, je ne jette pas la pierre aux auteurs qui utilisent – abusent — de ces éléments. Il m’arrive de le faire aussi… Comme dirait un certain barbu : que celui qui n’a jamais pêché jette la première pierre. Mais moi, je ne me gêne pas pour jeter des pierres et je pense que certaines vont me revenir en pleines gueules.
1. Le personnage principal « imparfait » dont le/la meilleur(e) ami(e) est parfait (e).
Tout le monde a des qualités et des défauts, mais j’en ai ras le bol de voir des personnages qui se trouvent moches, bêtes, sans qualité, timide, etc. et qui se baladent à côté de top canon au cerveau d’Einstein !
Ou tout contraste de ce genre : je suis pauvre, tu es riche…
2. La romance morbide.
Les deux personnages s’aiment, mais préfèrent céder à la contrainte « sociale » et être malheureux plutôt que de tout tenter pour vivre cet amour à fond ! Genre Roméo et Juliette décide de ne pas quitter leur parent et prendre le risque de se faire buter plutôt que fuir ensemble… Les je t’aime moi non plus, mais en fait si, mais il vaut mieux ne pas être ensemble, car c’est plus drôle de souffrir au lieu de vivre passionnément notre amour, c’est juste insupportable !
3. Le bel inconnu beau/mystérieux/ténébreux/etc. qui va bouleverser la vie de l’héroïne (l’inverse marche aussi).
La grosse moitié des romans et manuscrits que je lis débute ainsi ! Merde ! Moi je veux des vieux chiants, moches, qui puent ! À quand le gros boutonneux à grosses lunettes ?
4. Le héros en grosse rupture avec ses parents ou l’un des parents, adoptifs ou non.
Parce que c’est bien connu, pour vivre une vie palpitante ou des trucs pas possibles, il faut forcément se brouiller méchamment avec un ou ses parents !
5.Le héros à la vie tellement pourrie qu’on se demande pourquoi il ne s’est pas suicidé !
À côté de sa vie, les survivants du génocide rwandais ont eu une vie sublime ! Nans, sans déconner. On peut faire un bon héros sans qu’il ait subi tous les malheurs du monde. Un héros peut vivre des aventures palpitantes alors qu’il a des parents, des amis, un amour, bref une vie normale…
6.Ton premier amour est forcément celui de toute ta vie !
Questionnez un peu vos parents, voire vos grands-parents, on verra le pourcentage qui ont vécu presque l’ensemble de leur vie avec ce premier amour. Ce n’est pas impossible, je le concède, mais j’en ai ras-le-bol que des gamines de 16 à 20 ans ne veulent vivre que pour ce premier garçon avec qui elles sortent (l’inverse est possible, mais moins courant. D’ailleurs, si la fille est souvent vierge lors du premier rapport, on ne sait rien sur ce qui concerne le garçon…)
7.Le mec/fille que je fréquente depuis deux jours est mon âme sœur pour la vie et je couche avec lui/elle.
Il faut faire la différence entre un plan cul et la personne qui va nous accompagner pendant plusieurs années de votre vie.
8.Un héros, une héroïne, une romance.
Je ne sais pas vous, mais je ne tombe pas forcément amoureuse d’un de mes collègues de chantiers chaque fois que je fais une nouvelle fouille !
9.L’amoureux/amoureuse est toujours un top modèle !
Parce que bon, mieux vaut sortir avec un top modèle con comme ses pieds plutôt qu’avec une personne au physique disgracieux, mais avec plein de qualités intellectuelles !
(« Je suis imparfait (point N°1), mais je sors avec un top modèle » ….OK, je sors)
10.L’aventure se passe aux États-Unis ou au Canada, mais l’auteur est français.
Je pense que la France et l’Europe ont suffisamment de grosse ville, de climats, de paysages et de patrimoines sympas pour qu’on puisse l’exploité ! Surtout si c’est pour se trainer des clichés à la con comme les gros flics avec ses beignets dans la bagnole de fonction !
11. Les romances morbides (encore) entre un humain et une créature fantastique.
12. Les triangles amoureux (généralement 1 fille 2 garçons).
Mesdemoiselles, pourquoi se faire chier à choisir : couchez avec les deux et laissez-vous le temps de la réflexion ! Au pire, la nature vous a doté de deux orifices en bas : prenez les deux à la fois.
Il y a aussi le trio d’amis dont deux vont finir ensemble (comme dans Harry Potter avec Ron et Hermione).
Il a aussi les deux meilleurs amies qui se foutent sur la gueule parce qu’elles sont amoureuses du même mec mais qu’il n’y a qu’une élue…
13. Les problèmes de féminité des héroïnes.
Même si vous n’avez pas de nichons, pas de forme de hanches, que vous n’avez jamais couchées, si vous n’avez pas de pénis et ni de testicules, vous êtes une f-e-m-m-e, un humain femelle si vous préférez. Ou un transsexuel, mais, là, c’est encore un autre problème. Je n’en peux vraiment, mais vraiment plus, de ces nanas qui se plaignent de leur féminité : une bonne fois pour toutes, la féminité est un truc défini par les mecs, pour les mecs, pour sélectionner les filles les plus baisables ! (bon, j’abuse un peu, mais dans les romans, c’est souvent ce que sous-entendent les héroïnes : comme elles ne sont pas vraiment des femmes, les garçons ne veulent pas d’elle. Je vous rappelle que même Christine Boutin a un mari !)
De plus, se faire dépuceler n’est pas un passage entre la fille et la femme… on ne donne pas le droit en vote en fonction de cela il me semble.
Les femmes, ce sont aussi un cerveau ! Essayez de privilégier cela, ça changera.
14. Une femme libérée et libre est une femme qui couche à tour de bras.
La liberté, c’est aussi de ne pas coucher avec tout ce qui bouge ! Une femme qui ne veut coucher qu’avec son homme (mari) n’est pas dégueu ! Une héroïne qui couche avec un ou deux hommes dans sa vie sera tout aussi libre et libérée que celui qui en aurait sauté 300 !
15. La nécromancie.
La nécromancie, c’est l’art de voir l’avenir en appelant les morts (parce que c’est bien connu, les morts connaissent le futur). Arrêtez de faire des nécromanciens qui s’amusent à guider des armées de zombies ou à ressusciter les morts pour avoir une armée !
16. L’univers médiéval fantastique misogyne.
Ce n’est pas parce que notre époque médiévale était relativement misogyne que cela doit l’être dans une fiction ! Je rappelle qu’un auteur est aussi quelqu’un qui peut dénoncer des choses, aider à faire évoluer son époque… Et pas forcement recopier de manière bête et méchante la réalité !
17. Les créatures fantastiques qui ont des noms connotés.
Genre les loups-garous femelles qui se nomment Sélène (la lune) ; les vampires Angel, Angélique, Angélica…
18. Les personnages français avec des noms anglais (prénom et nom de famille).
Les Ethan, Nathan, Brandon (ha non, pardon, on l’utilise plus trop celui-là), Andrew et compagnie, fait arrêter. Bien sûr, ce n’est pas sympa la barrière des noms, mais faut arrêter ! Si JKR a appelé son perso Harry Potter, c’est aussi parce que c’est des noms courant dans son pays. Chez nous, on aurait un truc genre Paul Martin… Je sais, c’est moins classé, mais c’est comme ça…
Idem pour les prénoms bretons ou celtisants qui font plus « fantasy ». Parce que les prénoms qui finissent en – wenn c’est sympa, mais il y a aussi les Malo, les Guirec, les Tugdual !
19. Les personnages « types » qui entourent le héros.
Genre il y a l’intello, le sportif, le romantique, le trouillard, le comique… Un personnage ne peut pas être comique et romantique à la fois ? Un personnage ne peut pas être un bon sportif et instruit ?
20. LE MENTOR QUI MEURT!!!!!!!!!!!!
Arrêtez de tuer les mentors ! Si votre héros n’est pas capable de se sortir les doigts du cul sans que son maitre à penser meure, c’est que c’est lui qui mérite de crever !
(tu la vois, là, ma haine du mentor tué)
Des points en plus, je pense qu’il y en aurait…mais ce sont surtout ceux-ci qui me saoulent… On aurait pu aussi mettre : l’Elu est toujours un enfant/ado/jeune adultes ; les histoires d’amour, ce n’est que pour les jeunes, passé 30 ans, c’est foutu… etc., etc.
N’hésitez pas à laissez des commentaires avec les trucs que vous trouvez chiants dans les romans.